Les tensions diplomatiques persistantes entre la France et l’Algérie impactent lourdement le commerce, notamment les exportations françaises de blé tendre. Un recul qui s’inscrit dans un contexte de crise politique exacerbé par les prises de position françaises sur le Sahara occidental.
Une chute drastique des exportations vers l’Algérie
Autrefois principal client de la France, l’Algérie réduisait déjà progressivement ses importations de blé français ces dernières années.
Alors qu’elle achetait entre 2 et 6 millions de tonnes par an dans les années 2010, les volumes ont chuté à environ 1,6 million de tonnes pour la campagne 2023/24.
Pire encore, aucune importation de blé français n’a été enregistrée depuis juillet 2023, selon le site spécialisé Terre-net.
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Cette absence est directement liée aux tensions diplomatiques qui se sont intensifiées après que le président Emmanuel Macron a exprimé son soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet dernier.
En réponse, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris sans le remplacer, et aucun signe de réconciliation n’est en vue.
Des conséquences économiques pour la France
La France doit désormais faire face à la perte de ce marché stratégique.
Selon FranceAgriMer, les exportations de blé tendre vers les pays tiers pour la campagne 2024/25 ont été révisées à la baisse, passant de 4 millions à 3,9 millions de tonnes, bien loin des 10 millions de tonnes atteintes lors des précédentes campagnes.
Les producteurs français accusent également un retard global dans leurs exportations en raison de l’absence de l’Algérie sur le marché.
« Nous avons perdu ce marché pour des raisons diplomatiques, mais nous devons nous repositionner sur d’autres débouchés, comme le Maroc ou l’Afrique subsaharienne », explique Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer.
L’Algérie, de son côté, poursuit sa stratégie de diversification entamée en 2021, favorisant notamment le blé russe.
Ce changement est le résultat de précédentes crises diplomatiques, mais aussi d’une volonté affirmée de réduire sa dépendance vis-à-vis de la France.
Des perspectives incertaines
Malgré ce contexte difficile, certains experts restent optimistes quant à un éventuel rétablissement des relations commerciales à moyen terme.
« Dans le passé, des marchés fermés se sont rouverts avec le temps. Il ne faut pas abandonner », souligne Piètrement.
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Cependant, pour l’heure, la perte de l’Algérie représente un coup dur pour la filière céréalière française, déjà fragilisée par une production réduite.