Baisse des taux d’intérêt de la réserve fédérale américaine : Les trois contrecoups possibles sur l’Algérie

Baisse des taux d’intérêt de la réserve fédérale américaine : Les trois contrecoups possibles sur l’Algérie

La baisse des taux d’intérêt est quasiment acquise. Elle ne sera pas sans conséquence sur les économies de bien des pays, dont le nôtre.

La Réserve fédérale américaine (FED) s’apprête à baisser les taux d’intérêt pour la première fois en onze ans. Depuis quelques semaines déjà, le président de la FED, Jerome Powell, martelait inlassablement, contre même l’avis de Donald Trump, que la baisse des taux d’intérêt de son institution est inévitable eu égard aux incertitudes commerciales, à la morosité économique mondiale et à la faiblesse de l’inflation américaine.

Le président américain, Donald Trump, s’est montré de plus en plus virulent à l’encontre de Jerome Powell, étant donné que la baisse des taux d’intérêt conduirait clairement à la dépréciation du dollar, alors que Donald Trump fait de la solidité du billet vert son cheval de bataille. Le président de la FED donnera ce mercredi une conférence de presse à l’issue d’une réunion de deux jours du Comité monétaire (FOMC). 

La baisse des taux d’intérêt est quasiment acquise. Elle ne sera pas sans conséquence sur les économies de bien des États, l’Algérie comprise. La baisse des taux d’intérêt de la FED, une première depuis onze ans, est un signal d’alarme quant à une économie mondiale qui flirte dangereusement avec la récession. Un coup de frein de la croissance mondiale entraînera inévitablement une baisse de la demande mondiale en pétrole, laquelle provoquera à son tour une rechute des cours du brut. 

À moins que l’Opep et ses alliés ne décident de réduire à nouveau leur production, ce qui serait improbable au vu des tensions qui minent le groupe de l’Opep+. Une nouvelle fois, l’Algérie, dont les deux tiers du budget dépendent d’une bonne rentabilité du baril de Brent, se retrouve prise en étau entre les besoins en devises et une croissance mondiale en berne, suscitant de vives inquiétudes quant à l’évolution de la demande en brut et, par ricochet, de la courbe des cours.

Même le commerce extérieur de l’Algérie, dont les fondamentaux n’ont pas bougé d’un iota, risque d’être touché par la baisse des taux d’intérêt de la FED.  Si la valeur du dollar venait à baisser par rapport à l’euro, il devrait y avoir une incidence presque automatique sur la valeur des importations de l’Algérie. Nos importations risquent de coûter plus cher à l’avenir. Les sommes en jeu sont importantes étant donné que l’Union européenne demeure le principal partenaire commercial de l’Algérie.

À moins que les autorités du pays ne décident de réorienter une partie des importations vers la zone dollar afin de limiter l’impact des fluctuations du change sur la balance commerciale. Quant à l’impact de la décision de la Réserve fédérale sur les placements de l’Algérie en dollar, lesquels pèsent pour environ 40% de l’ensemble des réserves de change, il sera, néanmoins, marginal compte tenu de la faible rémunération des placements algériens. 

Le pays y laissera des plumes, certes, sous le coup d’un dollar moins rémunérateur, mais les pertes seraient faibles, comparées aux contrecoups qu’entraînerait la baisse des taux d’intérêt de la FED sur la valeur des importations de l’Algérie. L’érosion des réserves de changes est liée essentiellement aux déficits du solde global de la balance des paiements, lesquels traduisent l’excès des importations, mais aussi à l’effet de valorisation négatif des placements algériens.  
 

Ali Titouche