Le siège du FFS a renoué depuis mercredi soir avec les ambiances des grands jours d’autrefois. Mais cette fois-ci c’est pour dire un grand adieu à Hocine Ait Ahmed. Ce jeudi c’est un chassé-croisé de personnalités politiques et de militants venus signer le registre de condoléances.
A l’entrée du siège on peut voir un portrait de « Da Hocine » tout sourire ponctué par un salut de sa main droite. Une photo qui a fait d’ailleurs la « une » de la plupart de journaux. A l’intérieur une ambiance de recueillement et de souvenir sur fond de psalmodie du Saint Coran.
Chaque personnalité qui arrive est prise d’assaut par des dizaines de journalistes en quête de témoignages. Même tonalité; tous rendent un hommage « au combattant pour l’indépendance de l’Algérie, au militant de la démocratie ». Amar Saâdani, Abdelkader Bensalah, Larbi Ould Khélifa, Ahmed Ouyahia, Louisa Hanoune, Mouloud Hamrouche, le président du CNES, du haut conseil de la langue arabe se sont ainsi succédés tout au long de la journée.
D’anciens cadres du parti, en rupture de ban depuis des années , comme Ahmed Djeddai, Hamid Ouazar, Djilaai Léghima se sont retrouvés pour l’occasion. Des accolades, des larmes, de l’émotion en hommage au défunt.
Saâdani : « nous avons été injustes envers Ait Ahmed »
L’hommage rendu mercredi par le chef du FLN , Amar Saâdani, juste après l’annonce du décès est au coeur des commentaires. « C’est très fort de la part du chef du FLN, apprécie, Ali Sadat, ex membre du Conseil national.
« C’est toute l’Algérie qui perd Ait Ahmed, avec qui nous avons été injustes, avec qui nous avons manqué de moralité. C’est homme visionnaire. Le FLN revendique une partie de Hocine Ait Ahmed avait déclaré en effet Amar Saâdani.
Le lieu de l’enterrement a été un sujjet d’interrogation. Les uns ont parlé de « négociations » entre les autorités et la famille du défunt pour des funérailles nationales. Ce n’est qu’en début d’après-midi que la nouvelle est tombée est tombée : Ait Ahmed sera enterré dans la commune d’Ait Yahia, aux côtés de sa mère morte alors qu’il était encore en éxil.
« C’est son vœux et celui de sa famille » expliqent les membres de la direction du FFS à ceux qui s’étonnent, s’interrogent sur ce choix de la Kabylie et pas le cimetière des moudjahidines El Alia, dans le carré des Martyrs. « C’est un choix en parfaite cohérence avec sa ligne politique, Ait Ahmed veut rester opposant même dans sa mort » , raconte Ahmed Djeddai, un ex premier secrétaire qui dit avoir vécu des moments émotionnellement forts et intellectuelles enrichissants avec Hocine Ait Ahmed.
Au menu des discussions entre journalistes, le parcours de l’homme historique et du militant politiques sont revisités. « En tant que journalistes, nous avons appris beaucoup de concepts avec lui. Avant son retour en Algérie, c’était la langue de bois du FLN, c’est avec Hocine Ait Ahmed que nous avons appris ce qu’est le mot boycott, police politique, droits de l’homme, démocratie, ni Etat policier, ni république intégriste » résume un journalistes qui déplore « la baisse du niveau des hommes politiques actuels et plus encore celui des journalistes ».
A vingt heures, c’est encore la procession de voitures qui marquent un arrêt devant le siége , sous l’œil de policiers qui règlent la circulation et la nuit promet d’être longue en ce jeudi, jour de Mawlid.