C’est en grandes pompes que s’est ouverte aujourd’hui à Alger la cinquième assemblée générale de la conférence internationale de Kigali sur les rôle des services de sécurité dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.
Les travaux ont débuté par des discours solennels du directeur général de la sûreté national, de l’inspecteur général de la police rwandaise (président de la conférence de Kigali en 2010), du Premier ministre Abdelmalek Sellal (accompagné d’une partie du gouvernement) et du secrétaire général des Nations Unis.
Le général El Hamel n’a pas manqué, dans son intervention d’exprimer sa fierté quant au fait que le corps de la police comprenne 20.000 femmes, dont 427 cadres. Il fera part de l’action menée par ce corps de sécurité dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes. M. Kassana, du Rwanda, pays dont les femmes ont subi les pires violences lors du génocide de 1994, s’est contenté de louer les mérites de la coopération africaine.
Le Premier ministre, lui, dans une courte allocution s’est dit fier de l’évolution des droits des femmes en Algérie, dont l’empreinte du chef de l’Etat demeure indélébile. A l’image de la récente promulgation de la loi contre la violence à l’égard des femmes. Mais il se gardera de dire un mot sur le code de la famille qui n’a pas été amendé dans ses dispositions les plus discriminatoires à l’égard des femmes. C’est le cas pour la répudiation, la polygamie, le retrait de la garde des enfants lorsque l’épouse se remarie, alors que l’inverse n’est pas prévu, le logement conjugal. Notons aussi que l’Algérie a ratifié quasiment toutes les conventions internationales en la matière, mais avec des réserves qui bloquent l’émancipation des droits des femmes.
Mais c’est sans nul doute l’intervention du secrétaire général de l’Organisation des nations unis qui a attiré le plus l’attention. M. Ban Ki-moon a mis l’accent sur le changement des mentalités des hommes. « Il est vrai qu’il y a des conventions, des accords internationaux et des lois nationales. Il s’agit de les appliquer et de les faire appliquer. Mais il s’agit surtout de faire changer aux hommes leurs mentalités. Il insistera beaucoup sur la formation des femmes policières en ce sens qu’elles sont les seules à qui les victimes peuvent se confier. Sinon, elles confineront dans leur mutisme. Voire, elles continueront à se culpabiliser parce que leurs proches les rendront responsables de ce qui leur arrive (viols, mutilations, exicision). Ban Ki-Mon s’est dit choqué par ce qui arrivé à plusieurs femmes de Centre Afrique qui ont été violées par des gardiens de la paix. « C’est une honte », lancera-t-il. Tout en précisant qu’il avait dépêché ses envoyés spéciaux pour enquêter et lui remettre un rapport. Si nous ne luttons pas concrètement contre ces violences, tout ce que nous faisons reste des paroles. »