La promulgation de la loi n° 06-04 du 20 février 2006 modifiant et complétant l’ordonnance n°95-07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances a été le premier signe de la volonté des pouvoirs publics quant à développer les services financiers en Algérie. Cette mutation opérée dans le cadre législatif, dans un contexte de transition économique accompagné par d’importantes réformes, ayant concerné notamment, le système bancaire et financier, avait permis d’ouvrir la voie à une coopération entre les compagnies d’assurance et les banques, ces dernières ayant obtenu l’autorisation de commercialiser des produits d’assurances par l’entremise de leurs guichets.
Une intermédiation qui permet aux assureurs de se déployer davantage sur le marché des assurances, donnant, ainsi, l’opportunité aux clients d’accéder aux prestations bancaires et aux produits d’assurances au niveau d’un seul guichet. Cette mutation intervenue dans la sphère financière, au titre de la réforme globale du système financier, a induit un développement progressif de la bancassurance qui, compte tenu de l’évolution des statistiques, augure de perspectives prometteuses. Les chiffres de 2013 publiés par le conseil national des assurances confirment cette tendance vers une croissance non négligeable de ce créneau. Aussi, traduisent-ils le fort potentiel que renferme le marché de la bancassurance, en particulier, en termes d’assurance de personnes, un segment très encouragé par l’intervention bancaire à ce niveau, mais aussi, par la réglementation qui a instauré une certaine synergie entre banquiers et assureurs dans le cadre de cette intermédiation. Une interaction profitable aux banques qui, en parallèle de leur missions classiques, ont eu cette opportunité de proposer d’autres services bancaires, et par conséquent, d’optimiser leur rentabilité, ainsi qu’aux assureurs, à travers un accès plus large à l’épargne clientèle des banques, pour intéresser un plus grand nombre de souscripteurs aux produits de l’assurance.
L’analyse du CNA souligne que « la stabilité de la demande d’épargne financière des ménages, la diminution des tensions inflationnistes et de la résorption d’une partie du chômage (qui passe de 11% en 2012 à 9,8% en 2013, selon l’ONS) sont autant de facteurs plaidant en faveur de la mise en place d’un modèle de bancassurance algérien ».
Néanmoins, si la conjoncture plaide en faveur de cet avantage, il n’en demeure pas moins, que le potentiel réel du marché de la bancassurance, est loin d’exprimer les chiffres actuels. Le constat est valable pour le leasing, l’ingénierie financière et la gestion d’actifs, la création de fonds d’investissements et de garantie, ou encore le capital investissement et le marché obligataire, des activités toutes récentes appelée à connaître un essor certain à l’avenir. Dans ce contexte, il y a lieu de référer à l’intervention de M. Benarbia du CNA lors d’un séminaire organisé en 2011 à l’université de Sétif sur « Les perspectives de développement de l’industrie des assurances en Algérie et les réformes nécessaire pour promouvoir ses capacités concurrentielles ». Selon ce cadre du conseil national des assurances, le développement de la bancassurance qui n’a commencé qu’en 2009 sera « appelé à jouer un rôle déterminant ». Aussi, l’affectation de guichets bancaires au profit des assureurs, contribuera à réduire les coûts de distribution, et à développer le réseau de distribution à travers la densification du réseau de points de vente.
En Algérie, il existe un point de vente pour 28.000 habitants tandis que la moyenne mondiale est de 5.000 habitants pour un seul point de vente, avait indiqué M. Benarbia. Dans le même ordre d’idées, il soulignait que « la relation conventionnelle liant le banquier et l’assureur, dans le système de bancassurance mis en place en Algérie, peut être un frein pour la création d’une véritable alliance entre les banquiers et les sociétés d’assurances ».
Selon lui, « les participations des banques dans le capital des sociétés d’assurances de personnes créées récemment peuvent renforcer la bancassurance pour qu’elle joue pleinement son rôle ».