Bandelettes de glycémie: Peut-on parler de gaspillage ?

Bandelettes de glycémie: Peut-on parler de gaspillage ?

Visiblement choqué par le «gaspillage» des bandelettes par les personnes atteintes de diabète, le ministre du Travail affirme qu’un diabétique ne devrait pas contrôler sa glycémie plus d’une fois par jour. Faux ! rétorque l’Association des diabétiques qui affirme que si le diabète de type 2 peut se suffire d’un seul contrôle quotidien, les diabétiques de type 1 doivent obligatoirement contrôler le taux de sucre plusieurs fois par jour.

Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Le ministre du Travail est visiblement scandalisé par le «gaspillage» de bandelettes servant au contrôle de la glycémie. Mourad Zemali affirme qu’une personne diabétique n’était pas «obligée de contrôler sa glycémie plus d’une fois par jour» et d’ajouter : «C’est du gaspillage.»

Le ministre du Travail justifie cette sortie par les dépenses importantes engendrées par l’usage abusif desdites bandelettes. Zemali affirme, en effet, que le chapitre des bandelettes est au premier rang des dépenses de la Caisse nationale des assurances avec un montant de 10 milliards de dinars remboursés.

Une enveloppe qui fera dire au ministre «mais où va t-on ?» ajoutant que des assurés sociaux profitent de la «générosité» du système de Sécurité sociale en utilisant la carte Chifa à tort et à travers.

Les déséquilibres de la Sécurité sociale, dit-il, doivent pousser tout le monde à rationaliser les dépenses des médicaments. Au rythme, dit-il, où vont les choses, la Caisse nationale ne pourra plus rembourser une seule bandelette avant de conclure que les pays voisins de l’Algérie ne remboursaient pas ces bandelettes. Des propos qui ont laissé perplexe le président de l’Association des diabétiques d’Alger.

Fayçal Ouhada expliquait hier avoir écouté avec étonnement les propos du ministre. «J’espère qu’il ne parle que du diabète de type 2», explique-t-il, parce que pour le type 1, ajoute-t-il, l’Organisation mondiale de la santé recommande de mesurer la glycémie plusieurs fois par jour en fonction des cas. C’est le médecin traitant qui fixe le nombre de contrôles à faire quotidiennement, dit-il, cela ne peut se faire par décision administrative.

Ouhada s’interroge : «De quel gaspillage parle le ministre ?» puisque les personnes diabétiques, tient à rappeler le président de l’Association des diabétiques, sont des cotisants qui ont le droit aujourd’hui de bénéficier des services de la Caisse car, avertit-il, les complications du diabète à l’instar de l’hypertension, la cécité ou les amputations sont encore plus graves que les aspects financiers dont parle le ministre.

En 2015, la Cnas avait déjà fait une première restriction en direction des personnes atteintes de diabète. Pour pouvoir mesurer leur taux de glycémie, les malades affectés par le diabète de type 2 se sont vu astreints de n’utiliser désormais qu’une seule boîte de bandelettes de glycémie par trimestre, contre trois auparavant. Une mesure décriée à l’époque par les associations de diabétiques.

N. I.