Par Zoheir ABERKANE
Hier, le wali de Blida, Youcef Cherfa, a inauguré la station monobloc de traitement des eaux superficielles implantée en amont du barrage de Oued Hammouda, dans la commune de Bougara.
Une inauguration au pas de course qui aura duré tout au plus une vingtaine de minutes, les blocages des activités des officielles sont fréquents… Ramadhan oblige, on se passera du cérémonial habituel pour aller à l’essentiel. Le wali, ancien ministre et ingénieur de son état, connaît le projet pour avoir déjà visité le site en décembre 2018, au temps encore faste de fakhamatouhou où tous les projets portaient le label de «programme du Président».
Ce projet, si cher à l’ancien ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, était de ceux-là. Ou du moins, s’inscrivait-il dans la politique globale de la gestion des ressources en eau. La particularité de cette station monobloc ne réside pas dans la technologie utilisée, répondant au principe de la double filtration physique et chimique à travers 6 étapes (oxydation, coagulation, floculation, décantation, filtration sur sable et chloration), mais dans le fait qu’il s’agit là du premier prototype de fabrication algérienne.
L’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), maître d’œuvre, a confié, la fabrication de ce prototype, constitué d’un bac de pré-traitement, de deux bacs de décantation et de deux réservoirs de filtration, à Alieco Côte Rouge, unité de l’Entreprise nationale de charpente et de chaudronnerie (ENCC), maître de l’ouvrage, et partenaire historique de l’ANBT. La capacité de traitement est de l’ordre de 180 m3 /h pour une capacité globale dépassant les 4 000 m3/jour. L’implantation de cette station aux abords du barrage de Oued Hammouda, et à l’entrée de la ville de Bougara, répond à un besoin vital en eau potable de deux communes limitrophes, Bougara et Oued Slama, dont certaines localités sont presque dépourvues d’accès à l’eau potable, devenue denrée rare. La station monobloc, achevée à 100% pour la partie production (reste l’aménagement de l’espace, baraquements et verdure), va permettre l’injection dans le réseau AEP d’une eau propre à la consommation en provenance du barrage de Oued Hammouda, initialement destiné à l’irrigation uniquement, et satisfaire ainsi près de 80% des besoins en eau potable de ces deux communes.
Lors de la visite d’inauguration, le wali de Blida a au moins réglé un problème, celui du financement du raccordement électrique permettant le fonctionnement des moteurs et des pompes, estimé à 3 millions DA, actuellement alimentés par un groupe électrogène. «Si 300 millions de centimes bloquent l’accès à l’eau potable pour les citoyens, la wilaya est prête à financer pour le compte de la commune cette opération !». Une fois cette question tranchée, il assistera à l’ouverture de la vanne d’alimentation en eau provenant du barrage et appuiera sur différents boutons du pupitre de commande. Avec le sourire, il aura cette réflexion : «J’espère que vous n’allez pas tout éteindre une fois que je serai parti… » La boutade se perd sous les applaudissements de l’assistance.
Le wali prend place dans son véhicule de service et le cortège s’ébranle prestement sur le chemin du retour. Le groupe électrogène s’est tu et les habitants de Bougara et de Ouled Slama devront encore patienter un moment avant de voir l’eau couler à flots dans leurs robinets. A moins d’une autre décision audacieuse…