Pour ceux qui veulent découvrir l’Algérie profonde, la route Alger-Béchar est une belle occasion. Le regard est constamment éveillé par les 900 kilomètres de paysages tantôt verdoyants, tantôt rocailleux ou dunaires courant sur 12 wilayas. Ce trajet rendu plus fluide et plus sûr grâce, à l’autoroute Est-Ouest, a amplement contribué aux déplacements des touristes du Nord vers l’extrême Sud.
Il est 5h du matin au siège de la Direction générale de la Protection civileà Alger. Un cortège de véhicules s’ébranle en direction de Béchar dans le cadre de la promotion du tourisme saharien. A cette heure, la circulation est très fluide en cette fin du mois de décembre. Il fait encore nuit et un air glacial fouette les visages. En cette journée de vacances scolaires, la route est vide, à l’exception de quelques véhicules notamment des taxis et des voitures de police qui circulent à l’entrée de la route menant vers Blida. Dans quelques heures, ce tronçon au niveau de Bir Mourad Raïs sera submergé par un flot incessant de véhicules. Le cortège décide d’emprunter l’autoroute Est-Ouest.
Autoroute Ouest : Voyager sans peine
Les eaux de la station conviennent aux cures de remise en forme, à la rééducation fonctionnelle, contre l’asthme, la bronchite ainsi que les affections et allergies nerveuses, relèvent des médecins.
Le soleil pointe lentement à l’horizon lorsque le cortège arrive à hauteur d’Aïn Defla. Ici, le froid est plus cinglant. N’empêche, des enfants étaient déjà à l’extérieur exposant à la vente sur les bords de l’autoroute, du pain traditionnel, des gâteaux, des maârek et des cigarettes. Et à chaque arrêt d’un routier, les bambins accourent, se bousculent pour faire vendre leurs produits. A l’entrée de Chlef, les automobilistes ralentissent à quelques mètres du barrage fixe de la Gendarmerie nationale (GN).
Entre Chlef et Relizane, la route se déroule comme un tapis. Première halte : le relais de Naftal d’El H’madna à Relizane. Plusieurs relais de ce type sont implantés sur l’autoroute Ouest. Ils accueillent les routiers H24. Ils disposent d’une station-service, d’une cafétéria, d’une supérette, de toilettes et d’une aire de stationnement. Plusieurs conducteurs passent la nuit dans ces endroits à l’intérieur de leurs véhicules. Tout le long du trajet, les spécificités de chaque région s’offrent au regard. Ainsi, de chaque côté de la route menant vers Mostaganem, s’étalent à perte de vue des terres agricoles et des prairies. Ici, la main de l’homme n’a pas encore atteint ces beaux paysages.
La région est encore connue pour sa propreté et son calme. Premier hic : le tronçon de l’autoroute menant vers Sidi Bel-Abbès est déjà détérioré et fissuré. L’impression première qui se dégage de cette ville est assurément celle d’une petite bourgade tranquille, éparpillée à travers monts et vaux, baignée par ce soleil de décembre.
A l’entrée du tronçon de Mascara, des sacs de pomme de terre, des olives et de l’huile d’olive sont proposés aux automobilistes qui font ainsi « le marché » en pleine autoroute. Des grappes de raisin vert attirent l’attention. Le vendeur, un agriculteur de Ghriss, emmitouflé dans sa kachabia, exhibe fièrement sa marchandise précisant qu’il s’agit d’un produit local exotique. Le kilogramme est cédé à 500 DA. Pas loin, des enfants arrachaient du chardon comestible (el guernina), pour le revendre à 50 DA le bouquet. « C’est bon avec du couscous à l’orge. C’est un plat traditionnel très prisé notamment à l’ouest de l’Algérie », explique-t-on.
Au loin, apparaît la ville de Saïda qui donne l’impression d’un énorme bourg. Des femmes en « haïk » blanc, d’autres en djellabas accompagnées d’enfants attendaient dans un abribus, qui ne dispose d’aucune plaque. La wilaya de Saïda est la destination de plusieurs familles de l’Ouest et du Sud-Ouest pour son « hammam Rabbi ». D’ailleurs, l’hôtel de cette station thermale situé à proximité affiche déjà complet. Selon les responsables du hammam, il y a une forte demande notamment en hiver et durant la période des vacances.
Sur la route du désert
Un lieu de pique-nique par excellence. Des véhicules immatriculés à Oran, Alger, Constantine, Bejaïa font un crochet dans ce lieu. Certains prennent des photos souvenirs, d’autres saisissent l’occasion pour prendre un café-maison, à l’exemple d’une famille venue de Tipasa, pour célébrer la fête du Mawlid à Béchar. « Mon fils est militaire, il est en poste à Béchar.
On est venu passer quelques jours chez lui à l’occasion des vacances et du Mawlid. C’est un plaisir de découvrir ces paysages », confie une vieille dame, qui servait du café avec des gâteaux à ses petits-enfants. Mourad, un Constantinois, a regretté l’oubli de ces lieux magnifiques. « Une oasis comme celle-ci devrait être entretenue, au lieu d’être délaissée. Pourquoi on n’a pas installé ici une grande kheïma (tente), pour vendre du thé local aux routiers, des objets souvenirs ? Pourquoi n’y a-t-il pas de guide qui oriente les touristes et les visiteurs ? Il devrait y avoir aussi des relais pour les voyageurs », déplore-t-il.
Un voyage par route pour retrouver la liberté
Tout est abandonné. Dans cette palmeraie, le visiteur est perdu, il n’y a aucune indication », regrette-t-il. Avant de quitter Aïn Sefra, une dernière pensée pour Isabelle Eberhardt, cette jeune femme morte emportée par les eaux en crue il y a un siècle. Voyageuse et aventurière, elle avait écrit : « Je ne suis qu’une originale, une rêveuse qui veut vivre loin du monde, vivre de la vie libre et nomade, pour essayer ensuite de dire ce qu’elle a vu et peut-être de communiquer à quelques-uns le frisson mélancolique et charmé qu’elle ressent en face des splendeurs tristes du Sahara ».
Beni Ounif est traversée par la RN6 connue comme la route des oasis reliant la ville de Sig à Mascara, à celle de Timiaouine, au sud à la frontière avec le Mali, via Béchar et Adrar.18h passées. Enfin, la capitale de la Saoura, Béchar. Le soleil s’apprête à se coucher derrière les dunes. A l’entrée, un grand panneau souhaite la bienvenue aux visiteurs en trois langues, arabe, français et anglais.