Est-il concevable qu’un siège communal soit fermé durant des mois sans qu’une solution ne soit trouvée ?
Le siège de la commune de Tifra est fermé depuis le mois de juillet. Celui de Toudja en est à son sixième jour. Le cadre de vie et les promesses non tenues sont, pour l’essentiel, les raisons de cette colère qui dure. Si à Tifra, le calvaire qui dure depuis quatre mois est en passe d’être réglé, celui de Toudja attend encore. Dans la commune de Tifra, la solution pour délivrer un tant soit peu les services de la commune, du diktat qu’une partie des habitants du village subit, elle qui porte le même nom que la commune, consistera, selon les dernières informations, à délocaliser tous les services vers l’antenne communale du douar Ikdjan. Il faudra cependant attendre que le responsable l’administration de la wilaya mette les moyens nécessaires. à Toudja, on croit savoir que le président de l’APW se serait rendu sur place, hier, dans l’après-midi, pour examiner la situation et trouver éventuellement une solution. N’était-ce la généralisation de la numérisation des services de l’état civil, les citoyens des deux communes auraient vécu les pires cauchemars de leur vie.
Il n’est pas dit qu’il ne faut pas réclamer ses droits, mais de cette manière, il y a anguille sous roche. L’histoire que vivent la commune de Tifra et celle de Toudja ressemble, à bien des égards, à celle d’une mariée avec sa belle-mère. «Tamgharth et tislith» comme le nomme la région kabyle. Un conflit interminable. Un village qui souffre de nombreuses insuffisances certes, et suite à des promesses de l’édile, qui sont restées en l’état, se transforme en gigantesque conflit avec des conséquences dramatiques pour les citoyens en général.
C’est la lourde histoire que vit la population de la commune de Tifra. A l’approche de la rentrée sociale, rien de bon ne se profile à l’horizon. Un maire de la commune qu’on dit en déplacement à l’étranger ou encore hospitalisé et qui demeure injoignable. Des villageois qui ne veulent pas céder d’un iota sur leurs revendications, voilà le constat d’une commune qui souffre le martyre, avec une population de plusieurs dizaines de villages qui en pâtit terriblement. Le siège de la commune est fermé depuis quatre mois et de quelle manière ! La porte d’entrée est non pas scellée, comme cela se faisait un peu partout, mais remplacée par un mur construit en dur (briques et ciment). Des tentatives de dénouer le conflit n’ont pas manqué, en vain. La volonté citoyenne n’a pas fait défaut pour dénouer le cordon. Toutes les voies ont été exploitées, mais rien n’est venu en contrepartie.
L’administration est restée la grande absente dans ce conflit aux relents d’implosion. Comment se fait-il que le maire d’une commune fermée n’arrive pas, même avec le soutien d’une dizaine d’autres villages, à procéder à la réouverture du siège ? Comment un siège de commune, centre névralgique d’une collectivité, soit barricadé sans émouvoir les plus hautes autorités de la wilaya ? Y a-t-il complicité ? Cherche-t-on à envenimer la situation ? Autant de questions que se pose le simple citoyen de la commune de Tifra. Des questions légitimes lorsqu’on connaît le rôle administratif d’un siège de commune. Lamri est freiné dans son élan pour refaire sa vie. Bien que divorcé officiellement au regard de la justice, l’acte juridique n’a pas été numérisé, bien que sur son livret de famille il figurait bel et bien. Du coup, il ne peut pas se remarier, faute d’un acte de naissance comportant la mention «divorcé». Un cas parmi des milliers dont des universitaires, des voyageurs et autres. Ceci du côté administratif, pour le reste, c’est-à-dire le développement local et la prise en charge des affaires inhérentes à l’hygiène, l’eau et les projets, soit le cadre de vie en général, l’on n’en parle pas.
La situation est arrivée à un point si critique que ce sont les villageois qui ont eu à intervenir pour débarrasser les ordures ménagères. Fort heureusement, les traditions ancestrales sont toujours de mise dans cette région. Si l’on comptait sur le bon vouloir du maire et de ses opposants, la santé publique serait sérieusement en péril. La responsabilité n’est pas un vain mot. Ou il faut l’assumer ou partir. C’est la règle la plus démocratique et consensuelle. Mais à Tifra et Toudja, la fuite en avant est maîtresse des lieux. L’inconscience semble animer les parties en conflit, qui prennent en otage des milliers d’autres citoyens qui restent pour l’instant pacifiques, mais regrettent le laxisme de la wilaya et de ses responsables.