Espagnols, Turcs, Hammadites, Français, tous ont laissé leur empreinte dans cette ville. Saldae, Buggia, Nacéria, Bougie, Béjaïa, tant de noms pour une ville qui fut capitale des Hammadites non par hasard, mais à cause de sa position géographique et son boisement.
Elle fut entourée d’une enceinte où certains pas sont encore visibles de nos jours. Six portes permettaient d’entrer dans cette ville qui était célèbre par ses hommes de lettres et ses ulémas. Jusqu’à nos jours, les Béjaouis vous parleront de l’université de Sidi- Touati avec fierté.
La porte la plus importante de l’époque fut la porte Sarazine ou Bab El Bahr, elle se situait comme son nom l’indique, prés de la mer, ce qui permettait aux marins de pénétrer en ville ; c’est là aussi que s’effectuaient les échanges commerciaux. Aujourd’hui, avec le recul de la mer, elle se trouve à une centaine de mètres du port actuel. Elle est d’une hauteur de 8,50 m et d’une largeur de 8,40 m, elle reste visible et debout défiant le temps. Tous les artistes de Béjaïa la représentent sur leurs toiles ou par des bibelots.
La deuxième porte est appelée Bab Errouah ou Bab Essadat, du côté du Fort Abdelkader et les historiens pensent qu’elle fut celle des départs vers le large. Puis Bab Amsioun, qui se trouvait prés du sanctuaire de Sidi Abi- Ali, appelée par les Béjaouis Sidi-Bouali. Au sud la Casbah, avec une quatrième porte appelée Bab El Bounoud (porte de l’Etendard), mais que les vrais Bougiotes appellent encore Bab El Fouka, haute de 5,5 m et large de 11,20 m avec ses deux tours. Il y a encore quelques années, on fermait cette porte le soir, aujourd’hui tombée en ruine mais très fréquentée par les piétons et les automobilistes, car c’est la seule issue pour rejoindre le boulevard colonel Amirouche après avoir fait des courses au marché Philippe, lieu très prisé par les autochtones en fin d’après-midi. Pour aller vers Yemma Gouraya, vous devez passer par Bab El Mergoum, appelée aussi Bab El Ber, car celle-ci se trouve sur une terre ferme à la hauteur de la Kouba Sidi Amokrane. Certains disent que cette appellation est venue par opposition à Bab El Bahr. Il existe dans cette ville de Béjaïa un quartier qui porte encore le nom de Houmet Bab El Louz, ce fut la sixième porte qui permettait d’aller vers les champs des amandiers. Si vous séjournez en ville, les Béjaouis vous parleront de Bab Emcid, de Bab Ejdid, mais aussi pour ces derniers, aucun vestige n’a pu aider à déterminer leurs emplacements par les archéologues. Pour ces derniers, Béjaïa renferme des vestiges de diverses époques et sous chaque pierre se cache une civilisation. Quand cette ville pourra-t-elle nous livrer tous ses secrets ?
Rafik Talantikite