Béjaïa : Les femmes débattent de leur condition

Béjaïa : Les femmes débattent de leur condition

Elles étaient nombreuses à rallier la petite salle du Théâtre régional de Béjaïa (TRB).

Le but étant de prendre part à la manifestation que la coordination régionale des femmes du RCD a organisée dans le sillage des activités que le parti intensifie ces dernières semaines en prévision des élections législatives prochaines. La femme, ses conditions politico-juridiques et sociales ont été au menu de trois conférences sous les thèmes «le Code de la famille et le Fonds des pensions alimentaires, la politique des quotas des femmes aux élections ainsi que le harcèlement et la violence faits aux femmes», animées respectivement par Me Ouali Nora, avocate et coordinatrice de l’organisation, Me Hayet Boukhris et Me Omar Bakouri.

Me Ouali d’emblée s’est étalée sur «toutes les discriminations et les contradictions» que véhicule le Code de la famille, soulignant qu’il (le Code de la famille) «est en contradiction avec toutes les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, mais également avec la Constitution algérienne en matière d’égalité des sexes». A ce titre, la coordinatrice régionale des femmes du RCD a réitéré la position de son parti qui continue à exiger «l’abrogation de ce Code de la famille» et a dénoncé «toutes les discriminations et les atteintes à la liberté des femmes et leurs droits qui demeurent sous la menace dans notre pays».

Elle appellera dans le sillage de sa conférence à plus de mobilisation et de sensibilisation de la gent féminine pour faire face à toutes ses dérives orchestrées et souvent cachées par des textes qui a priori sont là pour protéger la femme, mais dans le fond il n’en est rien. «Ni l’enfant encore moins la femme ne sont véritablement protégés par les textes de loi algériens», regrette la conférencière, insistant beaucoup sur les principes de l’égalité pour tous.»Lui succédant, Me Omar Bakouri a abordé la loi criminalisant la violence faite au femmes soulignant que la loi du 30 décembre 2015 arrachée d’ailleurs aux forceps pour avoir été trop longtemps bloquée au Sénat à travers une dizaine d’articles vient punir les violences intra-famiales.

De prime abord, le conférencier reproche à cette loi qui prend le bâton par le milieu, «c’est vrai que cette loi permet au conjoint de porter plainte contre la violence, mais aussi et paradoxalement la clause du pardon de la victime met fin aux poursuites pénales», déclare-t-il comme pour souligner la perte de toute la substance de cette loi, qui a fait couler beaucoup d’encre.L’avocate à la cour Me Hayet Boukhris, a détaillé la loi organique 03 12 du 14 janvier 2012 relative au quota des femmes aux assemblées élues.

Elle a démontré que «cette loi est en contradiction avec le principe d’égalité des sexes mais également avec d’autres lois qui ne suivent pas ce principe». «Elle n’est qu’une solution provisoire pour l’émancipation des femmes, mais il faut davantage de lois et de moyens juridiques pour assurer à la femme sa véritable place dans la société puisqu’elle représente plus de 50% de la population algérienne», a-t-elle conclu.

Lors des débats, de nombreux intervenantes et intervenants ont souligné toute l’importance de ce rendez-vous qui met plus de lumière sur les lois algériennes et leurs contradictions car sur le terrain, avouent certains intervenants, la situation est totalement différente devant le poids des traditions et des coutumes, qui fait que rares sont les femmes qui osent aujourd’hui bouger pour changer l’ordre des choses. L’espoir demeure toutefois car avec ce genre de manifestation, des débats et les interventions sur les médias, la situation s’améliore de mieux en mieux.