Béji Caïd Essebsi élu président à l’issue d’une élection démocratique, C’est la Tunisie qui gagne !

Béji Caïd Essebsi élu président à l’issue d’une élection démocratique, C’est la Tunisie qui gagne !

Hier, également, Tunis était en liesse pour fêter la victoire de BCE, notamment au célèbre boulevard Bourguiba et dans les principales artères de la ville.

Une nouvelle page vient de s’ouvrir en Tunisie. L’ancien ministre de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères sous le règne de Bourguiba, l’octogénaire Béji Caïd Essebsi (BCE), est sorti vainqueur de l’élection présidentielle de dimanche, selon les résultats partiels communiqués hier par le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Ému jusqu’aux larmes, Chafik Sersar, probablement sous l’effet d’une terrible pression dans le contexte de cette première élection démocratique dans le monde arabe, a annoncé devant plusieurs centaines de journalistes, venus du monde entier, les résultats du second tour de la présidentielle qui clôt quatre ans d’une période de transition éprouvante pour de nombreux Tunisiens.

BCE arrive ainsi en tête avec 55,68% des suffrages exprimés, soit 1 731 529 voix. Le président sortant, Moncef Marzouki, quant à lui, a obtenu

44, 32%, soit 1 378 514 voix. Contrairement à ce qui était redouté, même s’il est relativement en recul par rapport au premier tour et aux législatives d’octobre dernier, le taux de participation a été appréciable, selon Sersar, puisqu’il a atteint 60,11%, soit 3 189 672 de votants sur près de

5,3 millions d’inscrits.

Il faut dire que cette victoire de BCE était prévisible depuis plusieurs semaines, selon plusieurs observateurs locaux. En plus de bénéficier du soutien de nombreux partis politiques et de milieux d’affaires, BCE dont le parti regroupe des partis de divers courants et d’anciens cadres de Ben Ali est perçu comme celui qui peut redonner son prestige à la Tunisie, qui peut sauvegarder l’héritage de modernité légué par son “père spirituel” Habib Bourguiba, et qui est capable de relancer la machine économique en berne marquée par une dégringolade du pouvoir d’achat et d’un chômage galopant qui touche particulièrement les jeunes.

D’autre part, il a su fructifier la gestion jugée chaotique de Moncef Marzouki qui n’a pas su répondre aux impatientes attentes des “Jeunes de la révolution”. Déjà, la veille, peu après la fermeture des bureaux de vote, les partisans de BCE sont descendus dans les rues pour exprimer leur joie. Devant le siège du parti dans le quartier huppé des berges du lac, des milliers de personnes, rejoints par des artistes et des hommes politiques, se sont retrouvés pour chanter et danser à la victoire de BCE. Dans un discours devant une foule en délire, BCE a salué “le peuple, les martyres et son concurrent Marzouki”. “Gloire au grand peuple de Tunisie, l’avenir commence aujourd’hui.

Je salue ceux qui m’ont délégué leur confiance mais aussi ceux qui ont choisi Marzouki car ils font partie du paysage politique. Nous devons oublier la campagne et nous unir pour le bien de la Tunisie qui a besoin de tous ses enfants.

L’essentiel est l’avenir et la construction du pays.” Hier, également, Tunis était en liesse pour fêter la victoire de BCE, notamment au célèbre boulevard Bourguiba et dans les principales artères de la ville. Sur sa page facebook, Adnane Moncef, directeur de campagne de Marzouki, a également félicité le nouveau vainqueur même si certains de leurs partisans ne semblent pas avoir digéré la défaite.

Des échauffourées ont en effet éclaté dans la ville de Hama à Gabès, peu après l’annonce de la victoire des BCE.

Les partisans de Marzouki ont tenté de s’attaquer aux services de sécurité qui ont dû user de gaz lacrymogène pour les disperser, selon les comptes rendus de la presse. Même si le scrutin a été salué par les observateurs, considéré comme un triomphe de la démocratie dans un pays arabe au moment où d’autres pays ont sombré dans le chaos, il reste que pour les Tunisiens les défis restent immenses.

À commencer d’abord par interpréter le message des jeunes qui ne se sont pas rendus en masse aux urnes, notamment à Sidi-Bouzid, fief de la révolution, qui a enregistré le plus faible taux de participation. “J’ai voté par défaut pour BCE”, avoue Henda, une jeune journaliste. Nombreux sont en effet les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans les deux candidats.

Entre un homme grabataire qu’on redoute de réhabiliter l’ancien régime et un homme qui n’a rien fait pendant la transition et qu’on accuse d’accointances avec les islamistes.

Ensuite, il y a la nécessité d’imprimer une nouvelle dynamique à l’économie du pays qui a pâti pendant les années après la révolution et de faire face aux défis sécuritaires notamment aux frontières sud avec la Libye et à la frontière ouest avec l’Algérie.

Enfin, politiquement, il s’agit de savoir comment les alliances vont se former pour la constitution du futur gouvernement, notamment par rapport aux islamistes d’Ennahdha même si BCE a laissé entendre qu’il ouvre ses bras “à tout le monde”. Mais, incontestablement, la Tunisie vient de montrer le chemin au reste des pays arabes.

K. K