Bien des choses unissent l’Algérie et la Tunisie et les destinent à former un seul bloc. Mais les sujets de «désaccord» vont dominer la visite du président tunisien à Alger.
Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, effectue, aujourd’hui, une visite en Algérie à l’invitation de son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Officiellement, aucune information n’a filtré sur l’objet de cette visite. Néanmoins, les dernières évolutions de la relation algéro-tunisienne, notamment au sujet de la taxe d’entrée en Tunisie et les drones américains présents sur le sol tunisien, vont sans nul doute figurer au menu des discussions entre les deux chefs d’Etat. En somme, les sujets qui fachent. En effet, bien que la question des drones ait déjà été l’objet d’échanges entre les deux pays, les Tunisiens ayant tenu à rassurer la partie algérienne quant à l’inexactitude de l’information diffusée par le Washington Post, le problème reste posé. Car, quelle qu’en soit la raison, la présence de drones américains sur le sol d’un pays voisin est perçue par l’Etat algérien comme une menace potentielle à sa sécurité. Pour rappel, Belhassen Oueslati, le porte-parole du ministère tunisien de la Défense, a solennellement démenti l’information. «Dans le cadre de la coopération bilatérale tuniso-américaine, nous avons acquis des drones pour former nos militaires à utiliser cette technologie et pour le contrôle de nos frontières sud-est avec la Libye afin de détecter tout mouvement suspect», a-t-il déclaré à la presse en précisant que, contrairement à ce qui était affirmé ça et là, «le territoire tunisien n’a pas, et ne sera jamais, utilisé pour frapper des cibles en Libye» et que «les drones sont utilisés par des Tunisiens et par personne d’autre», avait-il assuré. De son côté, le président tunisien a laissé planer le doute en tenant un discours plus ou moins imprécis. «Les Américains nous aident dans la lutte contre le terrorisme et contribuent à la formation de nos cadres militaires sur l’utilisation des drones qui seront gardés en Tunisie», a-t-il indiqué dans un entretien accordé, mardi 22 novembre 2016, aux journalistes tunisiens Myriam Belkadhi et Zyed Krichen de la chaîne de télévision Hiwar Tounsi et du quotidien Le Maghreb.
La rencontre entre les deux chefs d’Etat sera également l’occasion, s’attend-on, pour une révision de la position des deux pays et la suppression réciproque de ladite taxe. Pour précision, lorsque la Tunisie a décidé d’instaurer la taxe d’entrée par voie terrestre et maritime sur son territoire, une grosse polémique a eu lieu, notamment du côté algérien où nombreuses étaient les voix à contester cette mesure. Dans la foulée, la réaction officielle n’a pas tardé à se faire entendre.
En effet, dans une réponse à une question écrite d’un député, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a, d’un côté, rappelé le caractère «non discriminatoire» de cette taxe.«Cette taxe est imposée aux touristes qui voyagent en Tunisie par voie terrestre ou maritime; elle n’est pas donc discriminatoire», a-t-il dit en affirmant que, «s’agissant d’un pays voisin avec qui nous entretenons des relations exceptionnelles, nous avons décidé d’appliquer le système de réciprocité tout en laissant la porte du dialogue ouverte avec les autorités tunisiennes dans l’objectif d’annuler cette taxe».
Cette porte ouverte évoquée par le chef de la diplomatie algérienne sera sans doute empruntée pour essayer d’aller vers la suppression de la taxe par les deux pays.
Toutefois, outre ces deux points qui prennent le devant de la scène dans la relation algéro-tunisienne, bien d’autres, notamment la lutte antiterroriste et la coopération économique, seraient probablement au menu.
La Tunisie fait face, ces derniers temps, à une menace terroriste récurrente. Dans sa lutte contre le terrorisme, Tunis agit en étroite collaboration avec Alger. Mais, cette coopération ayant tout le temps besoin d’être re-dynamisée, il n’est pas exclu que de nouvelles stratégies soient discutées entre Caid Essebsi et Bouteflika, surtout que la menace qui pèse sur la Tunisie concerne directement l’Algérie et que, conjuguée au climat d’instabilité qui règne dans la région Mena, elle risque d’échapper au contrôle.
Sur le plan économique, les deux pays passant par des situations de crise, il est important qu’ils mutualisent leurs potentialités et leurs efforts afin de se remettre en marche. Des échanges dans ce sens sont courant entre les deux pays, notamment entre les organisations patronales au niveau de certains secteurs. Mais il est question que les Etats se mettent de la partie.