Quand la télévision belge s’impatiente et se substitue à la justice et la diplomatie et presse l’Algérie de rapatrier le corps d’un terroriste d’origine algérienne… clandestin en Belgique.
Embrouille juridico-administrative ou quiproquo diplomatique entre la Belgique et l’Algérie? Sinon, comment interpréter l’information donnée, lors du JT d’hier soir, par la télévision publique belge, la RTBF, au sujet du rapatriement du corps de terroriste d’origine algérienne, auteur de l’attentat perpétré le 6 août dernier, contre deux policières de la ville de Charleroi? Selon la RTBF, les responsables consulaires algériens font la sourde oreille et ne répondent pas aux autorités belges qui les ont saisies pour rapatrier le corps du terroriste abattu, lors de l’attentat. «Toutes nos tentatives de joindre les responsables consulaires algériens sont restées vaines», commente le journaliste, pendant que défilent, sur l’écran, les images du consulat d’Algérie à Bruxelles.
Le même «silence» règne du côté du ministère des Affaires étrangères algérien, ajoute le commentateur. Bien sûr, la RTBF a toute la liberté et la légitimité de diffuser une telle information; sauf qu’il faut rappeler que plusieurs Algériens «sans-papiers» ou «clandestins» décédés, par le passé, en Belgique ont été enterrés sous «X» en Belgique, sans qu’aucun média belge ne les ait mis à la «Une» de leurs journaux. Pourquoi un tel empressement à remettre à la «Une» de l’actualité, le drame du 6 août dernier, en sachant très bien que les décès dans ce genre de circonstances demandent diverses démarches administratives compliquées et enquête de police jusqu’au lieu de naissance du «terroriste». Y compris en Belgique qui a vécu le drame terroriste, les tracas juridico-administratifs ne sont pas pour accélérer, facilement, les choses. L’information donnée par la RTBF, sous-entend-elle que les responsables consulaires et diplomatiques fuient leurs responsabilités? Au delà du risque de «tâcher» les relations diplomatiques, excellentes, par ailleurs, entre les deux pays, il y a celui de «réveiller» et d’entretenir la peur et l’angoisse dans de larges pans de la population belge, en rappelant les drames terroristes passés, à la moindre occasion ou opportunité d’actualité.
La course à l’audimat est-elle devenue, à ce point, indigne de toute éthique professionnelle, au point de remuer le souvenir du drame et de la douleur sans retenue? Il ne s’agit pas d’effacer de la mémoire le passé, aussi douloureux soit-il. Il s’agit de respecter les lecteurs et téléspectateurs en évitant de raviver la peur constante du terrorisme, objectif par ailleurs recherché par les terroristes de tout bord. Rappelons aussi et, Dieu merci, que les deux policières blessées par le terroriste sont, aujourd’hui, indemnes et que l’une d’elles est d’origine algérienne. Quant au fou, un jeune homme de trente-trois ans, originaire de l’Est de l’Algérie, il a été abattu, sur place, lors de l’agression et identifié, immédiatement par la police comme étant un «clandestin» vivant en Belgique depuis 2012.
La question des corps des terroristes abattus est devenue un nouveau sujet des médias et «experts politiques» du terrorisme, au point où des livres et essais sur la question sont annoncés, pour la prochaine rentrée littéraire. La RTBF a certainement voulu «griller» ses confrères, en saisissant l’occasion du retard dans l’évacuation de la dépouille du terroriste vers son pays d’origine.