Depuis le début de la Coupe du monde, le technicien belge impressionne par son sens du coaching. Un art qu’il faudra particulièrement maîtriser pour espérer passer l’Argentine samedi (18h00).
Au (plat) pays des remplaçants, Marc Wilmots est sans aucun doute roi. Un roi bien-aimé, et compétent, tant le sélectionneur des Diables rouges sait mettre en valeur son banc. Alors que 29 buts de cette Coupe du monde ont été inscrits par des joueurs entrés en cours de jeu, le technicien belge s’impose, pour l’instant, comme le plus avisé des sélectionneurs dans ses choix tactiques en cours de match. Enfin, surtout en fin de match, vu que les Diables rouges ne plient jamais leur affaire avant le dernier quart d’heure de jeu. Face à l’Algérie (2-1), Marouane Fellaini (entré à la 65e) et Dries Mertens (entrée à la 46e) se sont chargés de débloquer la situation. Face à la Russie (1-0), Divock Origi (entré à la 57e) scellait la victoire d’un intérieur du pied droit sous la barre. Face à la Corée du Sud (0-1), le même délivrait la passe décisive à Vertonghen un quart d’heure après avoir pénétré sur le terrain (77e). Face aux Etats-Unis (2-1 a.p.) enfin, Romelu Lukaku, sorti du banc pour la prolongation au détriment d’Origi (pourtant excellent), faisait exploser le camp adverse avec une passe décisive puis le but de la qualification.
20 joueurs utilisés sur les 23 de son groupe : seule la Colombie a fait mieux.L’œil extérieur vanterait le sens tactique sans faille, quand le principal intéressé revendique, lui, une vision plus instinctive des choses. «Mon intention première n’était pas de sortir Origi en fin de temps réglementaire car, même fatigué, il était parfaitement dans son match et multipliait les occasions. Mais en une seconde, j’ai senti au fond de moi-même que je devais faire « monter » Lukaku. Je n’ai pas hésité, j’ai foncé. A l’instinct». Comme une voix intérieure qui lui indiquerait la voie à suivre. Et, surtout, le sentiment d’avoir à disposition un groupe de 23 individualités pouvant chacune participer au bien commun. Marc Wilmots aime d’ailleurs le répéter : «J’ai 23 joueurs. Ce serait stupide de ma part de ne pas les utiliser en fonction des qualités de l’adversaire. Mon onze de départ n’est donc jamais le même, puisque l’adversaire n’est forcément jamais le même non plus».
Pour l’instant, il en a utilisé 20, soit le deuxième plus gros total sur la compétition derrière la Colombie. Deux constantes chez l’ancien international belge : d’abord, ne pas trop tarder à effectuer les rotations, la plupart du temps avant l’heure de jeu. Ensuite, saisir chaque opportunité de rafraîchir son onze sur le terrain. Ainsi, sur chaque match, le sélectionneur des Diables rouges a toujours utilisé ses trois possibilités de changement (et contre l’Algérie, il avait fait entrer ses trois nouveaux joueurs avant que Vahid Halilhodzic ne lance le premier). Face à l’Argentine, on ne voit pas ce qui le ferait déroger à « sa » règle : «J’ai remarqué un certain déséquilibre dans leur 3-5-2, avec deux latéraux qui arpentent le flanc et que l’on peut prendre dans le dos», a-t-il lâché en conférence de presse. Preuve, s’il en fallait, qu’un fin tacticien ne se double pas forcément d’un grand cachotier.