Belmadi, architecte d’une véritable «révolution»

Belmadi, architecte d’une véritable «révolution»

Engagé par la Fédération algérienne de football (FAF) pour relancer une équipe nationale aux abois, Djamel Belmadi a réussi là où ses prédécesseurs ont échoué : redorer le blason des «Verts», vainqueurs vendredi avec brio de la CAN-2019 en Egypte aux dépens du Sénégal (1-0).

Pourtant, personne ne s’attendait à un tel exploit, d’abord d’atteindre la finale puis soulever le trophée tant convoité, 29 ans après l’unique sacre remporté par l’Algérie à domicile en 1990. La traversée du désert a été longue, très longue même pour les «Verts» qui se sont souvent heurtés à la réalité du terrain en Afrique subsaharienne, jusqu’à cette quatrième place décrochée en Angola en 2010, dans ce qui avait été le meilleur résultat depuis le trophée de 1990. Les coéquipiers du capitaine Riyad Mahrez ont déjoué tous les pronostics, imposant le respect en Egypte jusqu’à porter le «costume» de favori N° 1 après l’élimination sans gloire du pays organisateur, du Cameroun, champion sortant et du Maroc. Pour beaucoup, Belmadi, déjà vainqueur de la Coupe du Golfe et de la Coupe de l’Asie de l’Ouest avec le Qatar, est le véritable artisan de cette «révolution» en marche, grâce à une méthode efficace qui a permis aux joueurs non seulement de se libérer sur le plan psychologique, mais aussi de retrouver un jeu «à l’Algérienne», chatoyant, avec une «grinta» et une détermination à toute épreuve.

Promesse tenue
Le 1er juin dernier, Belmadi, sûr de lui, avait clairement affiché son ambition de remporter le trophée, au cours d’une conférence de presse tenue au centre technique national de Sidi-Moussa (Alger), à quelques jours du départ des «Verts» pour Doha (Qatar), en vue du stage précompétitif. «Ce rendez-vous ne constitue nullement pour moi une étape transitoire. Personne ne nous interdit d’être ambitieux dans la vie. Il fallait bien changer de discours avec les joueurs et ne pas se contenter de dire qu’il fallait réaliser un bon parcours. Nous avons l’ambition de remporter cette CAN. Je devais changer de discours, ce qui constitue une stratégie, c’est ma manière de fonctionner. En revanche, je ne garantis rien, je ne veux pas entendre les gens dire que j’ai échoué dans le cas où on ne remporte par cette Coupe. Nous allons tout faire pour réaliser cet objectif. Je pense que nous avons le droit de viser le plus haut possible, c’est légitime», avait-il déclaré aux médias.

Certains observateurs n’avaient pas hésité à évoquer un objectif «démesuré», eu égard à la présence de l’Egypte, qui jouait devant son public, du Cameroun, du Maroc, ou encore du Nigeria, considérés comme des favoris en puissance Mais le temps a fini par donner raison à Belmadi, élu meilleur entraîneur de la phase de poules, qui a non seulement tenu sa promesse, mais également permis à cette nouvelle génération de rééditer l’exploit de son aînée par la plus belle des manières. Jeu rapide, passes courtes, solidarité collective. L’équipe nationale de football a retrouvé ses vertus sous la conduite de Belmadi, dont le mérite est d’avoir redonné une âme aux «Verts». La méthode Belmadi n’a pas tardé à porter ses fruits. Onze mois après son arrivée à la tête de la sélection, il a pu cerner le malaise pour entamer ensuite un véritable chantier. Le plus urgent était de redonner une identité de jeu à la sélection, ce qui est chose faite. S’imposer face au Sénégal (deux fois), à la Côte d’Ivoire et au Nigeria dans un seul tournoi relevait d’un miracle il n’y a pas si longtemps.

L’équipe nationale a franchi un palier avec Belmadi, même si elle l’avait fait auparavant en 2014 sous la houlette de Vahid Halilhodzic, avec cette place de huitième-de-finaliste au Mondial brésilien, mais sans pour autant parvenir à préserver la dynamique par la suite. L’équipe nationale, cuvée Belmadi, doit confirmer cette embellie dès les prochaines échéances, dans ce qui sera la prochaine mission des «Verts», appelés à éviter les erreurs du passé pour maintenir le cap et s’imposer définitivement dans le gotha du football africain.