Ben Guerdane: « Un tel scénario est à prévoir dans d’autres villes frontalières à la Libye » selon des experts sécuritaires

Ben Guerdane: « Un tel scénario est à prévoir dans d’autres villes frontalières à la Libye » selon des experts sécuritaires

L’attaque terroriste contre des installations sécuritaires à Ben Guerdane, une ville du sud-est de la Tunisie proche de la frontière libyenne, lundi 7 mars à l’aube (et faisant suite aux premiers affrontements une semaine auparavant), dénote d’un changement dans la stratégie militaire du groupe État islamique, affirment deux experts sécuritaires au HuffPost Tunisie.

Ces nouveaux accrochages, qui ont entraîné la mort de 4 civils et de 21 jihadistes, étaient « fortement prévisible au vu des derniers événements ayant secoué la Libye », selon un ancien officier supérieur au sein de l’armée contacté par le HuffPost Tunisie, sous couvert d’anonymat.

Les risques d’intervention militaire en Libye comme catalyseur

« Le bombardement américain contre l’État islamique à Sabratha a acculé les cellules de Daech présentes en Libye et en Tunisie. Cela les a poussés à revoir leur stratégie et à agir dans la précipitation », selon lui.

Pour lui, tous les signaux étaient là:

« Depuis le bombardement massif en Syrie et la fuite des jihadistes de l’État islamique en Libye, leur tactique a beaucoup changé. Ajoutez à cela le bombardement américain à Sabratha, il est clair qu’une réaction était attendue. D’ailleurs cela a commencé dès la semaine dernière », lorsque cinq terroristes retranchés dans une maison à El Aouija (Ben Guerdane) ont été abattus par les forces militaires et sécuritaires après que des groupes terroristes ont pu rentrer sur le territoire tunisien

Par ailleurs, contacté par le HuffPost Tunisie, un ancien cadre sécuritaire au sein du ministère de l’Intérieur a précisé quant à lui, que le timing de l’opération n’était pas anodin: « Ben Guerdane est le lieu principal par lequel transitent les armes vers la Tunisie. L’édification d’une future frontière électronique resserre l’étau sur les jihadistes présents en Libye ».

Vigilance accrue sur les cellules dormantes tunisiennes

« Le but de cette attaque était de pouvoir créer un état de panique afin de pouvoir faire bouger les choses. Il n’est pas exclu que cette attaque soit réalisée dans l’optique de faire entrer des armes à destination de nombreuses cellules dormantes actuellement présentes en Tunisie », poursuit-il.

Car pour les deux experts, ce qui s’est passé aujourd’hui à Ben Guerdane risque de se répéter dans d’autres villes frontalières à la Libye et même à l’Algérie si des mesures drastiques ne sont pas prises: « Il faut être conscient qu’ils abattent leurs dernières cartes en prévision d’une attaque internationale contre la Libye », craint l’ancien officier supérieur au sein de l’armée, avant d’ajouter qu’il « faut faire attention aux cellules dormantes en Tunisie. Si la situation dégénère en Libye, les jihadistes de Daech n’auront pas d’autre choix que de fuir ici et là, le rôle des cellules dormantes sera important pour eux ».