La ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, semble décidée à lutter contre le phénomène des cours particuliers. Les enseignants des trois cycles, primaire, moyen et secondaire, devront désormais signer un engagement sur l’honneur de ne pas donner de cours particuliers parallèlement à leur mission officielle au sein des établissements scolaires.
En effet, les enseignants ne pourront plus, dès la prochaine rentrée scolaire 2018-2019, donner « des cours particuliers, à l’exception de ceux réglementés durant les vacances d’hiver et de printemps ». Cette décision prise par le ministère de l’Education nationale intervient suite à un rapport établi par une commission d’inspection du département de l’éducation nationale, et ce à l’issue d’une longue enquête. Cette enquête a révélé, affirme une source proche du ministère de tutelle, « que plus de 3 200 enseignants au niveau national se livrent à cette pratique, dont 90% sont issus du palier secondaire ». « La catégorie d’enseignants identifiés par la commission d’enquête est celle qui a enregistrée un très grand nombre d’absences à travers le dépôt de congés de maladie », a encore indiqué la même source. Les directions de l’éducation ont, à cet effet, alerté les enseignants concernés. D’après la même source, « toute violation de cette décision entraînera des sanctions sévères qui peuvent aller jusqu’au licenciement ».
Le phénomène des cours particuliers, qui semble devenir une tendance et non une nécessité, a pris de l’ampleur ces dernières années. Pour Mme Benghebrit, cette pratique constitue de nos jours un commerce juteux, savamment exploité par des affairistes de tous bords, et ce en contradiction flagrante avec les principes sacrés de la démocratisation de l’enseignement en Algérie. Au-delà de leur caractère « non pédagogique » et non productif, ces cours se déroulent dans des appartements, des caves, des garages ou sur des terrasses d’immeubles et autres réduits, avec le consentement des parents, lesquels sont gagnés par une angoisse entretenue par un système de notes, de classement, d’examens ou encore de menaces de redoublement ou d’exclusion. Cette situation a encouragé des enseignants à augmenter les tarifs de leurs prestations. Ce qui est aussi scandaleux, immoral et inacceptable, c’est le fait que certains enseignants font carrément du chantage à leurs élèves qui refusent de se soumettre à leur diktat, et ce en sabotant leurs notes.
Tout ceci, sous le regard impuissant de la tutelle. Leila, avocate, est le modèle atypique de ce nouveau parent soucieux. Elle nous confie qu’elle doit recourir à cette méthode pour garantir à ses enfants la réussite en fin d’année. Elle a trois enfants qui suivent des cours de soutien. Deux d’entre eux sont au primaire. « Certains enseignants obligent, en quelque sorte, les élèves à suivre des cours supplémentaires s’ils veulent obtenir de bonnes notes, et ce même si leur niveau est bon. C’est le cas de mes enfants qui étaient sans cesse harcelés par leurs maîtresses car ils ne suivaient pas de cours supplémentaires », déclare-t-elle.