« Béchar et Tindouf sont marocaines » : une déclaration de l’ex chef du gouvernement marocain

« Béchar et Tindouf sont marocaines » : une déclaration de l’ex chef du gouvernement marocain

Les relations déjà fragiles entre l’Algérie et le Maroc viennent de connaître une nouvelle escalade. Abdelilah Benkirane, ancien Premier ministre marocain et leader du Parti de la justice et du développement (PJD), a récemment déclaré que des régions du sud-ouest algérien, telles que Touat, Tindouf et Béchar, appartiendraient historiquement au Maroc. Des propos qui ont suscité une vive indignation en Algérie et ravivé des tensions historiques.

Abdelilah Benkirane a également affirmé que le Maroc et le Front de libération nationale algérien s’étaient entendus pour que certaines régions du sud-ouest algérien reviennent au royaume après l’indépendance de l’Algérie.

Cependant, selon lui, cet accord n’a jamais été concrétisé. Il a ajouté que le roi Hassan II aurait ensuite renoncé à ces territoires au profit de l’Algérie, une décision qu’il qualifie de concession.

Des revendications territoriales contestées

Les déclarations de Benkirane s’inscrivent dans une vision connue sous le nom de « Grand Maroc », une théorie politique popularisée dans les années 1950 par Allal El Fassi. 

Il a également déclaré qu’avant l’indépendance de l’Algérie, les habitants de ces régions sollicitaient des passeports marocains via l’ambassade du Maroc à Paris, soulignant ce qu’il considère comme des « liens historiques et culturels profonds » entre ces territoires et le royaume.

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Ces propos s’inscrivent dans une vision expansionniste qui, selon de nombreux analystes, sous-tend également l’occupation illégale par le Maroc du Sahara occidental depuis plus de 50 ans.

Cette stratégie s’est également traduite par un retard notable dans la reconnaissance par le royaume de l’indépendance de la Mauritanie, survenue en 1960, mais officiellement reconnue par Rabat seulement en 1969.

Par ailleurs, dès l’indépendance de l’Algérie, le Maroc a tenté de s’approprier une partie de son territoire par la force. Cet épisode, connu sous le nom de « guerre des sables » en 1963, a vu l’armée marocaine reculer face à la résistance algérienne, marquant une nouvelle fracture dans les relations entre les deux pays.

Pourtant, ces ambitions avaient été apaisées avec l’accord de 1972, dans lequel le Maroc avait reconnu les frontières internationales de l’Algérie.

Un discours qui cache des enjeux internes

Le timing des déclarations de Benkirane n’est pas anodin. Le Maroc fait face à des défis internes, notamment des tensions sociales et des critiques croissantes sur la normalisation de ses relations avec Israël. 

Cette stratégie de diversion, pointée par de nombreux analystes, vise à détourner l’attention des Marocains des problèmes internes en réactivant des revendications territoriales anciennes.

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Paradoxalement, ces discours omettent de contester la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla, deux enclaves historiquement marocaines. 

Cette « sélectivité » dans les revendications soulève des questions sur les priorités réelles des dirigeants marocains.