Bertrand Delanoë évoque l’histoire à Alger, « J’ai voulu que Paris dise la vérité »

Bertrand Delanoë évoque l’histoire à Alger, « J’ai voulu que Paris dise la vérité »

Les deux capitales méritent une plus grande place dans les coeurs et l’esprit des deux peuples amis et frères»

Le maire de Paris a animé, hier, une conférence de presse au Jardin d’essai d’El Hamma.

Levant tout préjugé sur les relations bilatérales entre l’Algérie et la France, le maire de Paris, Bertrand Delanoë n’a pas manqué de lancer des messages forts pour lever les obstacles entre les deux pays. «Alger, c’est Alger, Paris, c’est Paris. Les deux capitales méritent une plus grande place dans les coeurs et l’esprit des deux peuples amis et frères», a déclaré, hier, le maire de Paris, dans un point de presse au Jardin d’essai à Alger. Accompagné du wali d’Alger Abdelkader Zoukh, du P/APW et d’une importante délégation des deux pays, M.Delanoë a rappelé longuement l’exigence faite à la France de respecter la mémoire des victimes du 17 Octobre 1961 qui ont été jetés à la Seine pour avoir défendu l’indépendance de leur pays. Le maire de Paris a souligné, lors de la conférence de presse, que la coopération «concrète» entre les deux capitales était «fondamentale», précisant que «si on ne la mettait pas avec des valeurs et des convictions profondes, nous passerons à côté d’une chance de réunir les jeunesses des deux pays qui ont une aspiration de vivre en paix et dans la relation fraternelle».

«Les relations entre la France et l’Algérie méritent que la capitale de la France soit dans une exigence de vérité et d’action de coopération avec la grande capitale de l’Etat algérien», a-t-il encore déclaré. Il a souligné, dans ce sens, que depuis son élection à la ville de Paris, en 2001, il a veillé à ce que la capitale française ait «le courage de dire la vérité historique», notamment sur «les massacres» des Algériens, le 17 Octobre 1961. «Depuis mon élection comme maire de Paris en 2001, j’ai voulu que Paris dise la vérité et rende hommage aux victimes du massacre du 17 Octobre 1961, lorsque les Algériens, à la conquête légitime de leur indépendance, ont été réprimés et jetés à la Seine avec beaucoup de morts», a-t-il relevé. La visite du maire de Paris a été, par ailleurs, une occasion de faire le bilan de la coopération bilatérale et d’examiner de nouvelles perspectives pour le partenariat entre Alger et Paris. «La coopération entre Alger et Paris va dans le sens de tourner la page du passé, tout en reconnaissant les vérités historiques qui constituent une plate-forme certaine pour le développement des relations à l’avenir» dit-il. Abordant l’apport de la mairie de Paris dans le projet de la restauration du Jardin d’essai qui a commencé depuis sept ans, le maire de Paris a souligné que «l’apport de la mairie de Paris est une contribution qui porte sur le transfert du savoir-faire français qui possède une expérience plus ou moins avancée». Cependant, l’hôte d’Alger n’a pas donné le moindre chiffre sur l’enveloppe financière qui porte sur l’apport budgétaire de la France. Enregistrant sa troisième visite officielle à Alger depuis qu’il est maire, Bertrand Delanoë n’a pas manqué de manifester son attachement et exprimer son respect aux valeurs maghrébines et algériennes en premier lieu. Répondant à la question de l’apport de la ville de Paris sur le plan de la mobilité urbaine, le maire de Paris s’est réjoui d’un développement reconnu en termes d’amélioration de la qualité de vie des Algérois, notamment. «La réalisation du métro d’Alger et du tramway ont donné une nouvelle dimension aux habitudes des citoyens», a-t-il affirmé. D’autres projets sont en cours d’étude ou de réalisation qui portent sur les moyens de désengorgement de la capitale de sa forte densité automobile. La restauration de l’ancien bâti d’Alger fait partie des préoccupations des experts français qui travaillent en étroite collaboration avec les architectes algériens, afin de redonner une meilleure image à la capitale.

Fort de son expérience en termes d’aménagement urbain, le maire de Paris a donné l’exemple de la capitale du Brésil, Rio de Janeiro, qui est prise en charge par une société française afin de préparer la ville pour accueillir la prochaine Coupe du Monde en 2014.

«Il faut sortir du complexe du colonisé. L’Algérie est un pays indépendant à part entière. La France n’est pas meilleure que l’Algérie en termes de compétences et de savoir-faire. La France apporte une valeur ajoutée en tant que pays ami et partenaire», affirme-t-il. Ajouté aux projets réalisés, tel que baptiser une bibliothèque au nom de l’érudit Mohamed Arkoun, et la place de l’Emir-Abdelkader, Paris devra connaître l’inauguration d’ un institut des cultures de l’Islam dans les prochains mois afin de montrer l’exemple de respect et d’ouverture à autrui pour les études et la coopération culturelle, artistique et scientifique à tous les Algériens, les Maghrébins et les musulmans. Financé par la Mosquée de Paris, l’Institut devra accueillir des séminaires et des rencontres de haut niveau qui vont dans le sens de la continuité et du développement de la coopération. Saluant la jeunesse des deux pays, le maire de Paris a exprimé toute sa gratitude et amitié aux Algériens.

Le maire de Paris reçu par le Premier ministre

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a reçu hier, à Alger, Bertrand Delanoë, maire de Paris, en visite de travail en Algérie. L’entretien a porté essentiellement sur les perspectives de coopération entre les deux capitales, «notamment en matière de gestion locale, ainsi que sur les voies et moyens d’une collaboration effective et de long terme dans le domaine de la gestion urbaine à travers toutes ses composantes», indique un communiqué du cabinet du Premier ministre. L’audience s’est déroulée en présence de M. Abdelkader Zoukh, wali d’Alger.