Six bouddhistes vont être jugés en Birmanie pour leur rôle dans le lynchage de dix musulmans lors de l’attaque d’un bus en 2012, ont indiqué des responsables, jeudi 15 août, plus d’un an après des événéments qui avaient marqué le début de violences communautaires meurtrières dans l’ouest birman.
En juin 2012, plusieurs centaines de bouddhistes de la minorité ethnique rakhine s’en étaient pris à un bus qui transportait des musulmans et où ils pensaienttrouver les responsables du viol et du meurtre d’une jeune femme bouddhiste quelques jours plus tôt, dans l’Etat Rakhine. Dix musulmans avaient été tués, dont aucun ne semblait impliqué dans le crime.
Six hommes « impliqués dans le meurtre de musulmans » dans ce bus « ont été arrêtés le mois dernier », a indiqué un responsable local sous couvert de l’anonymat. Les six hommes, tous bouddhistes, ont été « inculpés pour meurtres », a précisé un responsable de la police également sous couvert de l’anonymat, ajoutant que leur procès commencerait le 26 août.
ISLAMOPHOBIE LATENTE
Juste après ces événements, une première vague de violences meurtrières avait éclaté entre Rakhines et musulmans de la minorité apatride des Rohingyas, à Sittwe, capitale de l’Etat Rakhine, avant une deuxième vague de violences en octobre. Au total, plus de 200 personnes ont été tuées et plus de 140 000 déplacées, en grande majorité des Rohingyas, considérés par l’ONU comme l’une des minorités les plus persécutées de la planète.
Les violences de l’Etat Rakhine ont fait tache d’huile dans d’autres parties du pays où des Birmans musulmans ont été pris pour cible. Des dizaines de personnes ont été tuées depuis le début de l’année dans le centre de la Birmanie.
Ces événements ont mis en lumière une islamophobie latente dans un pays majoritairement bouddhiste, qui compte environ 4 % de musulmans, et porté une ombre au tableau des réformes du gouvernement qui a succédé à la junte dissoute en mars 2011.