Biyouna,l’héroine de la série dar el bahdja,”C’est grâce à la Télévision nationale que je suis devenue une star”

Biyouna,l’héroine de la série dar el bahdja,”C’est grâce à la Télévision nationale que je suis devenue une star”

Devenue une star en France, Biyouna revient sur sa terre d’adoption, l’Entv, et cela après sept ans d’absence. Toujours généreuse et affable, Biyouna nous a accueillis dans sa suite, au sein d’un grand hôtel d’Alger, avec sa voix un peu cassée à cause de la climatisation.

C’est une journée off pour la star et l’héroïne de la nouvelle série de Djaâfar Gassem, Dar El Bahdja, laquelle sera diffusée la deuxième semaine du mois sacré de Ramadhan par la Télévision nationale. La star de Nass Mlah City et des films Aïcha, est revenue dans cet entretien exclusif sur sa polémique sur le plateau de France 2, sur ses rapports avec les téléspectateurs algériens et sur son parcours de cinéma et télévision en France. Entretien avec une comédienne sensible et au grand coeur.

L’Expression: Après sept ans d’absence Biyouna revient à la télévision à travers une série comique Dar El Bahdja, qu’est-ce qui a motivé votre retour au petit écran algérien?

Biyouna: Vous savez, la Télévision algérienne c’est aussi ma télé! Disparaître du petit écran algérien durant sept ans, ça m’a fait un peu mal. Quoique je travaille sans arrêt en France, j’aurai bien aimé revenir en Algérie parce que mes admirateurs en Algérie demandent souvent mon retour à la Télévision algérienne. En France, j’ai deux agents: l’un est chargé de tout ce qui est spectacle et musique et l’autre s’occupe de tout ce qui est cinéma et télévision.

Ce sont généralement eux qui font mon programme, j’ai été sollicitée par plusieurs producteurs algériens, mais après avoir consulté leur travail sur Internet, j’ai refusé. Je vous dis franchement: «La marche arrière ne fonctionne pas.»

Quand j’ai reçu la visite de Djaâfar Gassem, il m’a raconté son projet, ça m’a plu! Parce qu’en plus, j’ai beaucoup confiance en Djaâfar. Et là, j’ai appelé mon agent pour lui dire que je vais tourner en Algérie pendant les vacances! Vous savez, j’ai beaucoup pleuré quand j’ai rencontré des jeunes qui demandaient après moi, ça m’a touché et c’est pourquoi j’ai décidé de revenir à mon public adoré.

Quel accueil as- tu reçu à l’aéroport quand tu es arrivée à Alger?

Oh! lala! C’est très émouvant surtout avec les policiers, les douaniers, tout le monde te sollicite pour une photo, ça m’a vraiment touché! Surtout quand tu attends tes bagages et en sortant tu vois les gens attendre dehors, et crier mon nom demandant de prendre des photos, ça m’a touché!

Lors de ton dernier passage sur le plateau de Laurent Ruquier, sur France 2, tu avais adressé un message à toutes les personnes qui t’ont critiquée, affirmant «c’est ça Biyouna» car tu es allée jusqu’à rendre hommage aux islamistes en disant qu’ils t’adorent parce que tu n’es pas hypocrite!

C’est vrai, je suis Biyouna d’avant et Biyouna d’aujourd’hui, personne ne peut me changer, alors qu’eux ils ont changé, mais ceci est leur problème, je n’ai pas vécu dans l’hypocrisie, j’ai toujours vécu dans la liberté, pour moi ça me parait normal, parce que je fais bien mon travail, j’ai une vie familiale avec mes enfants hamdoullah, si c’était une Française qui était passée sur le plateau, dans cette situation, elle serait passée inaperçue, mais comme c’est Biyouna, ce n’est pas normal. Ils essaient de me casser par tous les moyens. Ils ne peuvent pas me casser, «la marche arrière est cassée, je n’utilise que la marche avant».

Je suis en train de collectionner les récompenses, j’ai reçu la médaille de la Citoyenne d’honneur de Puteaux, j’ai reçu la médaille Vermeille Bertrand Delanoé, Fréderic Mitterrand a pensé à moi, j’ai également reçu le grade de Chevalier des Arts et des Lettres qui m’a été remis par Mme la ministre Yamina Benguigui. Pour le reste, je m’en fous, je les emmerde à pied, à cheval et en trottinette, comme je l’ai répété chez Ruquier. Moi j’ai toujours vécu ma vie comme je l’entends et déjà en Algérie, des barbus venaient me voir en me disant, toi au moins tu n’es pas mounafka (hypocrite).

Je suis une femme libre, je connais mes limites, je fais du bon travail et j’ai un public merveilleux. Au contraire, quand ils m’ont fait ça, ils n’ont fait qu’arranger les choses, je suis la première femme arabe à être montée sur scène à Marigny et j’ai fait archicomble! Alors, qu’ils soient fiers de moi!

Pour revenir au programme du Ramadhan durant ton absence de la Télévision algérienne, tu as quand même regardé les productions qui ont été diffusées durant ces dernières années. Quelle est ton avis sur ces productions?

Moi je trouve que maintenant ça s’améliore, parce que, de temps en temps, je regardais Canal Algérie, mais il y a trois ou quatre ans, le programme n’est pas fameux. Mais depuis deux ans, ça s’améliore, il y a de très bonnes émissions, surtout la dernière production Switcher, qui parle de la jeunesse, de ses espérances et de ses ambitions. C’est bien fait!

Que pense tu de ces nouvelles télévisions privées algériennes comme Echourouk TV, Ennahar TV ou encore Dzair TV… etc?

Je ne les ai pas encore vues, il faut savoir que je n’ai pas beaucoup de temps, car je me déplace beaucoup, je ne regarde la télévision algérienne que durant le Ramadhan, mais je vois que ça s’est beaucoup amélioré. Cela fait longtemps que je ne suis pas venue, j’ai vu qu’il y a eu beaucoup de changement, il y a beaucoup d’épanouissement. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça me plait. J’ai vu que la mentalité des jeunes de maintenant est sublime! J’ai découvert beaucoup de choses pendant le tournage avec Djaâfar Gassem, je suis entourée de jeunes qui sont adorables!

Quand on revoit les images de Dar Sbitar (l’Incendie), où tu avais seulement 17 ans, tu en est fière, la Télévision algérienne est restée tout de même ton meilleur souvenir dans ta carrière. Avec ton retour aujourd’hui, tu veux lui rendre en quelque sorte un peu d’attachement, de reconnaissance?

Oui bien sûr! Je suis une enfant de la Télévision algérienne, je l’ai toujours dit dans les interviews et sur les plateaux des autres télévisions étrangères. C’est grâce à la télévision algérienne que je suis devenue ce que je suis aujourd’hui, je suis très fière de revenir en Algérie.

Je voudrai parler de ta carrière en France, tu es l’une des rares comédiennes à être partie d’Alger et avoir réussi en France. D’habitude, ce sont toujours les Algériennes qui sont nées en France, qui ont galéré, grimpé les échelons qui réussissent, toi tu as fait le parcours inverse, c’est quand même un exploit?

Je n’ai pas galéré du tout! Je n’ai appelé personne, c’est la France qui a fait appel à moi et qui me rappelle toujours. Je peux te dire que j’ai refusé il n’y a pas longtemps, 15 scénarios, je ne prends pas n’importe quoi et ils le savent très bien, je ne cours pas derrière l’argent, ce qui compte pour moi c’est le rôle et l’image. Et ils me respectent beaucoup pour ça, alors que j’ai vu certains de nos anciens comédiens qui n’ont bénéficié d’aucune considération! Dans ce métier, il faut aussi avoir un agent! Le mien s’appelle Olivier Glussman, «Les visiteurs du soir», et Sophie Baroin, de l’agence OZ. L’un d’eux s’occupe de Jane Birkin, Fayrouz ou encore Woody Allen. Dans ce métier, il faut savoir se prendre en charge. Ils savent que je suis un caméléon, je peux jouer n’importe quel rôle!

Dans cet univers culturel, quelle est ta véritable passion, le cinéma ou la télévision?

J’aime le cinéma, mais je suis une femme qui n’est pas ingrate, je suis fidèle à la télévision c’est grâce à elle que je suis devenue ce que je suis. Quand je sors dans la rue, malgré tous les films que j’ai faits pour le cinéma, on me dit: «Oh Mme, je vous ai aimé dans Aïcha!» ou encore les Beurs à Barbès, dès qu’ils me voient ils me disent: «Nass Mlah City»…..la télévision a fait beaucoup pour moi!

Mais il faut le reconnaître que c’est un peu grâce à Nadir Mokhnache que tu as commencé ta carrière dans le cinéma en France, mais après trois films successifs et une grande complicité entre vous, c’est la rupture, vous êtes restés de bons amis, mais vous ne faites plus de films ensemble. Pourquoi?

Je vais te dire une chose, Nadir Mokhnache ne fait pas dans le social! Même si tu es sa véritable soeur! Lui c’est un professionnel, le travail compte beaucoup pour lui, il est désagréable parfois, mais c’est le bonhomme qui a vu que j’essaie le plus possible d’être juste, il a remarqué que j’étais ponctuelle. Je vais te dire autre chose, Nadir Moknache n’aime pas la critique négative!

Avant de me connaître, ils lui ont dit «attention Biyouna ce n’est pas une bonne affaire, c’est une illettrée, elle ne connaît rien au théâtre, elle ne sait pas parler le français!». Pour vérifier ces dires, Nadir Mokhnache m’envoie son frère pour me tester, il se fait passer pour un immigré qui ne connaît pas l’arabe afin de vérifier ma réaction, c’est sa mère qui lui a demandé de me tester, car elle ne croit pas les commérages des gens! Finalement, il a trouvé que j’étais à la hauteur! C’est comme ça qu’a débuté mon aventure avec Nadir!

Pour ce qui est de ta collaboration avec Djaâffar Gassem, il y a une série dans laquelle tu n’as pas joué: La famille Djemaï. Pourquoi?

En réalité, je n’ai pas joué parce que j’étais en tournage en France, donc je ne pouvais pas me libérer pour cette série.

Et qu’est-ce que tu en penses?

Pour la première et la deuxième saison, c’était bien, mais la troisième était un peu ratée! Je n’ai pas aimé quand il a commencé à parler de vampires etc…

Est-ce que Nass Mlah City te manque?

(Sourire) Ah beaucoup, mais je crois avec ce feuilleton ça va être meilleur, mais si cétait Djaâffar je ne le ferais pas!

Ça veut dire que si ce n’était pas Gassem, tu te ne travailles pas avec lui!

Non, ça ne veut pas dire que je ne travaille pas avec un autre réalisateur, quand je vois qu’il fait du bon travail, j’accepte. Avec Djaâfar, je travaille les yeux fermés! On s’entend bien pendant le tournage, le courant passe très bien et c’est rare avec d’autres réalisateurs.

Dans ta vie, il y a deux réalisateurs avec qui tu ne t’entends pas bien: Mustapha Badie et Djaâffar Gassem!

Voilà!

Quels sont les autres réalisateurs avec qui tu aurais aimé travailler?

Avant, il y avait Baâmar Bakhti, Ifticène, Moussa Haddad, mais maintenant je ne connais plus personne.

Tu es déconnectée de la réalité audiovisuelle en Algérie?

Non, on te déconnecte! Mais j’aime bien ce que fait Djaâfar Gassem, c’est quelqu’un qui a beaucoup de talent!

Alors Biyouna, on aurait aimé te voir dans certains films algériens récents consacrés à la révolution. Depuis ton fameux Yema la police dans Dar Sbitar, on ne t’a plus revue dans un film sur la révolution, il y a eu pourtant des films intéressants avec Bahloul, Rachedi, Saïd Ould Khelifa ou plus récemment Hamina?

Hamina ne m’a jamais appelée!

C’est peut-être parce que tu t’es spécialisée dans la comédie!

Non, il ne m’a jamais appelée

Tu aimerais jouer dans un film de Lakhdar Hamina?

(Temps de réflexion) Avant, oui, mais plus maintenant, parce que le temps passe, avant je voulais vraiment travailler avec lui!

Et avec Rachid Bouchareb?

Oui, j’aimerai bien, ça sera avec honneur!

A ton avis, qu’est-ce qui manque pour que l’Algérie sorte de ce marasme culturel?

C’est le seul pays qui n’a pas de dettes, je suis fière! Il faut arrêter avec les dessous de table, on est un pays riche, une jeunesse formidable, il faut laisser l’Algérie se relever. Il n’y a pas longtemps un journaliste égyptien m’a posé la question «pourquoi l’Algérie n’a pas participé au printemps arabe?»

Je lui ai répondu que «nous, nous vivions avec le terrorisme, alors que vous, vous viviez du tourisme, laissez l’Algérie vivre! Moi je suis née dans la guerre, mes enfants sont nés dans le terrorisme, puissiez-vous tenir 12 ans de terrorisme comme nous?»

Si tu avais un message à adresser à tes admirateurs, ça serait lequel?

Je suis très contente d’être présente durant ce Ramadhan sur le petit écran algérien, je serais toujours là pour mon public comme il a toujours été présent pour moi!