Publié par Mohamed Belarbi
Jamais, durant l’année, la station climatique de Chréa ne connaît autant d’engouement que lorsqu’elle est enneigée. Dès qu’elle est couverte de son manteau blanc que lui dédie la saison hivernale, des milliers de personnes y montent à la recherche de cet admirable plaisir qu’offre la neige, et la sensation de chair de poule que procure l’air ambiant à l’effet glaçant.
Et c’est cet endroit montagneux niché à 1 600 mètres d’altitude qui est le mieux indiqué pour de telles merveilles. Grands ou petits, qu’importe ! A Chréa, l’on devient tous badins comme par enchantement et l’âge n’est plus de mise pour nous interdire de jouer. Et c’est cette attitude gamine qui nous pousse à savourer avec nonchalance les moments puérils où tout le monde devient juvénile.
L’on joue, l’on glisse, l’on se jette des boules de neige, l’on roule à plein corps sur ce tapis blanc sans se soucier des conséquences, et l’on respire à pleins poumons l’air pur émanant des séculaires feuilles de cèdres qui charment par agrément le décor. En ce laps de temps, Chréa devient cet endroit féérique qui fait remonter le temps pour replacer les adultes dans l’âge de l’insouciance, d’où le nombre impressionnant de familles qui y viennent même si la route qui y mène devient ardue et dangereuse en raison du verglas qui s’y dépose et à cause de l’embouteillage de circonstance, car tout le monde veut atteindre avant l’autre la cime du mont de l’Altas blidéen.
Toutefois, l’on ne s’ennuie pas dans les arrêts intempestifs provoqués par les bouchons, car il y a des vendeurs de thé, chaud, de cacahuètes et autres noix de cajou qui vous en proposent pour vous permettre de casser la contrariété de l’attente. D’autres vendeurs plus astucieux vous présentent pour l’achat, des gants en laine afin de vous prémunir contre les engelures des mains. Des pâtissiers ambulants ne sont pas en reste dans cette scène naturelle. Ils présentent toutes sortes de beignets et autres entremets pour les ventres creux.
Les enfants blottis contre le corps de leurs mamans pour se réchauffer, ne s’empêchent pas de temps à autre de prendre à l’aide de leurs téléphones des photos pour immortaliser ces instants de bonheur. Qui des selfies, qui des images du paysage, il ne faut pas rater l’occasion. D’autres préfèrent laisser la chaleur du chauffage de la voiture et descendre pour prendre en photo la plaine de la Mitidja qui, dans son immensité offre aux yeux un imprenable décor. Lorsque le ciel est dégagé, l’on peut même voir du haut de Chréa, la mer méditerranée.
Arrivés au point culminant, c’est la placette de Chréa au centre de laquelle un érable centenaire qui vous accueille pompeusement. On n’y prête pas attention, car tout le monde cherche à s’approcher le plus vite possible du Sky Club où l’on peut profiter à loisir de la quantité de neige qui y est déposée. Une halte forcée puisque l’on ne peut aller plus loin. En ce lieu, les enfants et même les grands se dépensent comme ils peuvent sur des luges de fortune qu’offrent en location les habitants de Chréa. Les plus nantis font carrément du sky et se prêtent à des jeux de slalom en frimant devant les moins nantis.
Mais, il faut dire que la plupart des touristes qui viennent à Chréa sont des amoureux de la nature. Leur but au premier chef est de se désennuyer dans la béatitude qu’offre à eux ce lieu princier, loin de la pollution étouffante des agglomérations.
M. B.