“Il est grand temps que chacun assume ses responsabilités”, a écrit le groupe Cevital dans un tweet posté hier.
Le groupe Cevital a annoncé, hier, avoir écrit à la Direction générale des douanes pour lui demander d’appliquer le jugement en référé rendu en faveur d’EvCon, sa filiale spécialisée dans la production d’eau ultra pure. Le Premier ministre et le ministre des Finances ont également été informés des blocages dont souffre le projet du groupe et, plus particulièrement, son équipement confisqué par l’administration douanière, en dépit d’un jugement du tribunal de Boudouaou l’obligeant à lever le blocage sur la machine d’EvCon qui se trouve, depuis juillet dernier, au port sec Atlantic sis dans la commune de Boudouaou (Boumerdès). “Il est grand temps que chacun assume ses responsabilités !” a écrit le groupe Cevital dans un tweet posté hier.
L’administration des douanes a décidé de jouer l’inflexibilité jusqu’au bout, en dépit de la décision du tribunal ordonnant la libération de l’équipement industriel d’EvCon. Dans un premier jugement prononcé le 28 novembre dernier, le juge a ordonné à “l’administration de la douane (…) de finaliser les procédures de dédouanement de la marchandise importée par la partie demanderesse, la société par actions EvCon Industry (…), qui est une presse pour plaques sandwich DL 2 300 A5 qui se trouve au port sec Atlantic domicilié au quartier Ben Ajal, commune de Boudouaou (Boumerdès), et la restituer immédiatement à la demanderesse, sans conditions ni restrictions, tout en l’exemptant de tous les frais liés à son séjour au niveau des entrepôts de la défenderesse qui assume également les frais de justice”. Plutôt que de faciliter l’investissement, ce qui serait compatible avec l’une de ses vocations initiales dans une économie fonctionnant selon les règles universellement admises, cette administration s’érige en écueil, allant jusqu’à faire fi des décisions de justice en faveur de l’investissement.
Or, l’administration douanière aurait pu permettre des voies de recours, dont certaines sont prévues par la loi régissant ce genre de litiges, voire par le code des douanes qui a institué une commission de recours dédiée à statuer sur de tels différends. Cevital a fait le choix, hier, de tenter un recours auprès des plus hautes autorités du pays, à savoir le Premier ministre et le ministre des Finances, face à un blocage qui prend, désormais, les allures d’un sabotage systématique. Preuve en est que lors de la dernière audience, l’administration des douanes, censée apporter les pièces et éléments susceptibles de justifier le blocage de l’équipement d’EvCon pour “possible surfacturation”, s’est présentée au tribunal sans le moindre document attestant ses allégations. Le juge était alors dans l’obligation de renvoyer l’affaire à une date ultérieure. Il s’agit clairement d’“une tentative de gagner du temps”, commente un avocat d’affaires, joint par Liberté. Alors que l’équipement industriel d’EvCon, unique en son genre et hautement sophistiqué, risque une sérieuse détérioration au port sec de Boudouaou.
Il faudrait être sourd pour ne pas écouter le cri de détresse d’un industriel qui promet 15 milliards d’euros/an de retour sur investissement dès l’entrée en production du projet d’EvCon en Algérie. Il serait, désormais, peu utile d’aller chanter l’attractivité du pays sur les toits d’ici et d’ailleurs, lorsque l’on traîne ses industriels aussi méchamment dans la boue pour se soumettre au diktat de cette main invisible qui privilégie l’intérêt de certaines personnes au détriment de celui du pays.
Ali Titouche