Le président américain, Barack Obama, a annulé sa tournée en Asie la semaine prochaine en raison de la crise budgétaire aux Etats-Unis. Elle entre ce vendredi dans son quatrième jour et sans perspective de solution rapide. C’est le secrétaire d’Etat, John Kerry, qui dirigera les délégations américaines en Indonésie et au Brunei, où vont se dérouler le sommet du «forum de Coopération de l’Asie-Pacifique» à partir de lundi, puis le sommet de l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est) et de l’Asie de l’Est à partir de mercredi.
Obama avait déjà dû écourter la tournée qu’il prévoyait dans la région, en renonçant à des étapes initialement prévues en Malaisie et aux Philippines. «Cette paralysie, qui était parfaitement évitable, constitue un revers pour notre capacité à créer des emplois à travers la promotion des exportations et des intérêts américains dans la région (de pays) émergents la plus importante du monde», a accusé le porte-parole du président américain, Jay Carney. Après cette annulation, Barack Obama a l’intention de «continuer à exhorter les républicains à autoriser un vote (au Congrès) pour obtenir la fin de la paralysie de l’Etat», a poursuivi Carney.
« Arrêtez cette comédie ! » (Barack Obama)
Faute d’un accord sur le budget au Congrès, les administrations centrales des Etats-Unis sont partiellement fermées depuis mardi et 900 000 fonctionnaires fédéraux (43% des effectifs), ont été mis d’office en congés sans solde. Jeudi, au troisième jour de cette paralysie sans précédent depuis 1996, aucune avancée n’a été obtenue. La Chambre des représentants, dominée par les adversaires républicains de Barack Obama, a voté des mesures partielles et temporaires assurées d’être rejetées par le Sénat à majorité démocrate et la Maison Blanche. Obama a accusé nommément le président de la Chambre, John Boehner, son principal interlocuteur, de ne pas vouloir «s’aliéner les extrémistes dans son parti». «Votez (un budget), arrêtez cette comédie et mettez fin à cette paralysie!», a lancé le président américain.
WASHINGTON (ETATS-UNIS), JEUDI. John Boehner, président républicain de la Chambre des représentants. (AFP/ALEX WONG)
Les troupes de John Boehner, opposées à la réforme de l’assurance-maladie, promulguée par Barack Obama en 2010 et dont un volet crucial est entré en vigueur mardi, refusent de voter un budget qui n’en supprimerait pas le financement. Ces élus ont aussi menacé de lier cette question à celle du relèvement du plafond légal de la dette, nécessaire d’ici au 17 octobre. Si le Congrès n’y donne pas son feu vert, les Etats-Unis risqueront de se retrouver en défaut de paiement à partir de cette date, une situation sans précédent sur laquelle le Trésor a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme jeudi.
«Le marché du crédit pourrait se geler, la valeur du dollar plonger et les taux d’intérêt américains monter en flèche, conduisant à une crise financière et à une récession qui rappelleraient les événements de 2008, voire pire», a averti le Trésor dans un rapport évoquant un défaut de paiement «potentiellement catastrophique». Le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, a enfoncé le clou jeudi soir en assurant dans un entretien télévisé qu’il serait «dangereux» de croire qu’il restait «des fonds de tiroir» pour assurer le fonctionnement de l’Etat sans augmenter la capacité d’emprunt de son pays.