Bordj Bou-Arréridj : Après Parkinson, la recherche s’oriente sur Alzheimer, selon le neurochirurgien Alim Louis Benabid

Bordj Bou-Arréridj : Après Parkinson, la recherche s’oriente sur Alzheimer, selon le neurochirurgien Alim Louis Benabid

Après les recherches sur la maladie de Parkinson, qui ont abouti à la mise au point de la chirurgie stéréotaxique et la découverte de la  « Stimulation cérébrale profonde » (SCP), la recherche s’oriente vers la pathologie d’Alzheimer, a indiqué le professeur Alim Louis Benabid lors de sa conférence à Bordj Bou-Arréridj.

Dans sa communication sur le traitement de « La maladie de Parkinson : Etat actuel et  Perspectives de recherche », le célèbre neurochirurgien, en répondant à une question sur l’application de sa découverte de la SCP sur la maladie d’Alzheimer, a expliqué que ce sont des maladies voisines avec un processus dégénératif, mais la déficience n’est pas située au même endroit, d’où l’inefficacité du dispositif de l’implant SCP.
Selon le spécialiste, les essais cliniques faits en matière de traitement de la maladie d’Alzheimer, à travers le vaccin ou l’injection d’un anticorps qui consiste à faire fondre tous les déchets à l’origine de la maladie, détruisent malheureusement tout sur leur passage jusqu’à, quelquefois, tuer les malades eux-mêmes, ce qui n’a pas beaucoup fait avancer le traitement.
Actuellement, la recherche menée au niveau du centre Clinatec, créé par le professeur Benabid et un groupe de chercheurs à Grenoble, consiste en l’utilisation d’infrarouges pour traiter la partie malade. On ne sait pas encore quel type de système est utilisé mais la recherche se poursuit dans ce sens.
Concernant ses travaux sur la maladie de Parkinson, le neurochirurgien expliquera, avec une modestie digne de sa notoriété, que la découverte sur la stimulation cérébrale profonde a été faite en 1987 « fortuitement au cours d’une intervention sur un patient. Et même si on ne sait pas comment cela fonctionne, on s’en fiche, l’essentiel c’est que cela marche… »
Les travaux continuent dans le centre Clinatec, créé après son départ à la retraite de l’hôpital de Grenoble, sur cette maladie liée à l’âge mais pas dû au vieillissement qui touche, selon lui, en France, chaque année, plus de 150 000 personnes avec des symptômes invalidants (tremblements, rigidité des membres, résistance au mouvement etc…)
Après avoir passé en revue toutes les techniques utilisées pour venir à bout des symptômes de la maladie de Parkinson, à savoir l’ablation d’une partie du cerveau, le traitement médicamenteux, la thérapie substitutive (qui ont toutes des inconvénients et complications importantes), celle dite génique, pas encore au point, ou encore celle qui consiste en l’injection de dopamine par nano pompe, une perspective pas encore disponible, la recherche expérimentale s’est poursuivie tant bien que mal. Puis, dira-t-il, on s’en est remis à la chance et eurêka !
Au cours d’une intervention de thalamotomie, le professeur a remarqué que le tremblement disparaissait puis revenait quand une partie du cerveau était stimulée électriquement (avec un stimulateur doté d’un câble lié à deux électrodes) selon une certaine fréquence en utilisant plusieurs gammes qui ont fini par donner des résultats probants. Si la stimulation est exercée au bon endroit (ce qui est facilement réalisable actuellement avec le scanner et l’IRM) avec un geste chirurgical réversible, il a été constaté que le tremblement était inhibé.
Depuis cette date, la technique est diffusée sur toute la planète et, aujourd’hui, plus de  200 000 malades ont reçu cette thérapie, selon le professeur Benabid.
Concernant les applications de la SCP à d’autres pathologies, il indiquera que celle-ci a montré ses preuves pour les algies vasculaires, les TOC (troubles obsessionnels compulsifs), les TIC, la dépression nerveuse, l’anorexie mentale,  l’obésité, les insomnies. Mais jusqu’où peut-on aller, s’interrogera-t-il. Car il ne faut pas oublier qu’il y a des considérations éthiques à prendre en compte.
La neuro protection par infrarouges est la nouvelle thérapie en cours, selon le spécialiste, qui espère ainsi remplacer, selon ses propos, une méthode qui marche par une autre meilleure.
le débat qui a suivi la conférence devant près de 200 personnes (des anciens camarades des lycées Mohamed-Kerouani et Malika-Gaïd et autres notables de la ville) a été d’une grande pertinence. Il a été question des applications de la découverte sur d’autres malades, tels ceux atteints d’Alzheimer, ou encore les handicapés moteurs cérébraux (IMC), de la prise en charge du président Bouteflika par le professeur, ce qui a été démenti.
Concernant le coût de la thérapie, 25 000 euros actuellement, par l’implantation d’un stimulateur, dont la batterie est changée tous les 5 ans, le professeur dira qu’à la longue celle-ci revenait moins cher que le traitement médicamenteux.

Réactions des deux  ex-ministres présents  à la conférence  

Lors de la rencontre, les ex-ministres de la Poste et des TIC et de l’Energie, Moussa Benhamadi et Abdelmadjid Attar, ont tenu à exprimer leur fierté d’avoir un enfant du bled ayant atteint une telle notoriété pour ses recherches et récipiendaire d’une vingtaine de prix.

Pour Moussa Benhamadi, ce n’est que justice rendue à une sommité médicale mondiale

Pour l’ex-ministre des PTIC, qui a sponsorisé la rencontre organisée dans l’hôtel familial Béni-Hammad, cette rencontre « est une excellente initiative qui a vu la participation de praticiens et chercheurs venus de plusieurs wilayas » mais aussi d’anciens camarades de lycée du professeur.

Cet hommage, plus que mérité, n’est en fait que « justice rendue à ce grand chercheur qui a honoré son pays et rendu service à toute l’humanité » par ses travaux sur la maladie de Parkinson.

Cette expérience et ce geste sont « à renouveler pour d’autres chercheurs algériens qui sont nombreux à l’étranger » pas « seulement en médecine » mais dans « d’autres domaines et méritent d’être connus et encouragés » dans leur pays.

« Notre souhait est aussi d’inciter les chercheurs algériens installés à l’étranger à revenir au pays pour nous aider à assurer la transition économique car le pays à besoin de toutes ses forces vives pour sortir de la situation économique et financière actuelle ».

Pour Abdelmadjid Attar, « sa modestie  et sa disponibilité  sont extraordinaires »

L’association des anciens lycéens de Malika-Gaïd et Mohamed-Kerouani, qui est l’initiatrice de cette rencontre, a choisi d’organiser cette conférence à BBA car ce sont ses racines familiales qui sont là. De plus, son père, le docteur Ahmed Benabid,  est resté dans cette ville et y a exercé la médecine jusqu’à son décès.

« On a voulu lui faire revivre l’Algérie, son pays d’origine, sans compter que nous avons appris beaucoup de choses de cet homme dont la modestie et la  disponibilité sont extraordinaires.

C’est une initiative à renouveler avec d’autres Algériens d’ailleurs et d’ici qui méritent d’être connus et reconnus par les leurs. »

Abdelmadjid Attar a tenu à remercier le groupe Benhamadi qui a sponsorisé et  accueilli dans son hôtel la manifestation et rendu hommage à cet éminent neurochirurgien car l’association,  dont il est membre, ne dispose pas de beaucoup de moyens financiers pour organiser ce genre de rencontres