Bouchouareb ambitionne de ramener la facture des importations à 30 milliards de dollars: Course contre la montre

Bouchouareb ambitionne de ramener la facture des importations à 30 milliards de dollars: Course contre la montre

Cela est-il possible, lorsqu’on sait que l’Algérie a importé pour plus de 60 milliards de dollars en 2014 et autour de 50 milliards de dollars en 2015? Le challenge est certes très difficile, mais le ministre a de bonnes raisons d’y croire.

«Le temps est notre grand ennemi», ne cesse de dire le ministre de l’Industrie et des Mines. Abdessalem Bouchouareb qui multiplie les accords de partenariats avec d’innombrables groupes industriels étrangers et algériens a certainement conscience de la nécessité d’infléchir la courbe des importations et des exportations le plus tôt possible. La baisse des prix des hydrocarbures a ouvert une sérieuse brèche dans le système économique et social en Algérie. Les deux volets sont liés dans un pays qui entend sauvegarder son modèle social le plus longtemps possible. Cette volonté, présidentielle, faut-il le préciser, n’a d’autres domaines d’application que dans un déploiement rapide de tous les acteurs économiques, aux fins de parvenir à édifier un modèle de croissance, à même de compenser rapidement les pertes dues à la chute des prix du pétrole, tout en conservant les «largesses» sociales de l’Etat. En d’autres termes, l’Algérie ambitionne de construire une économie compétitive, non pas pour le simple plaisir de la compétition, mais pour maintenir et, pourquoi pas, améliorer un modèle social inspiré de sa propre lutte de Libération nationale.



En théorie, cela peut paraître assez simple. Mais dans la pratique, l’effort à fournir pour parvenir à se passer d’une partie des ressources engrangées par la vente des hydrocarbures, sans en payer la facture est un exercice des plus complexes. Et dans cet exercice, le facteur limitant susceptible de réduire les ambitions du gouvernement est le temps. Car, et quoi qu’en disent les détracteurs, là où l’on se tourne, le gouvernement a un projet, un programme ou un plan déployé, mais toute cette dynamique doit aboutir avant 2019-2020 et aboutir à une baisse de la facture d’importation à 30 milliards de dollars.

L’abandon de nombreux projets, la «diète» imposée à certaines filières d’importation, en sus des coupes dans les dépenses des administrations ne relèvent pas d’une logique de repli face à la «bourrasque» financière. Ces mesures sont prioritairement destinées à protéger le modèle social algérien, lequel sera certainement le dernier touché par la crise. C’est tout le sens de la course contre la montre engagée par le gouvernement. Et dans ce défi que s’est lancé l’Exécutif, le ministère de l’Industrie et des Mines est sur la ligne de front.

Abdessalem Bouchouareb est missionné pour redresser l’industrie nationale, avec l’objectif à court terme de ramener la facture globale des importations à 30 milliards de dollars. Cela est-il possible, lorsqu’on sait que l’Algérie a importé pour plus de 60 milliards de dollars en 2014 et autour de 50 milliards de dollars en 2015? Le challenge est certes très difficile, mais le ministre de l’Industrie et des Mines qui a présidé avant-hier une cérémonie d’accords portant sur des investissement de 4,5 milliards de dollars et dont les négociations ont abouti dans des délais record, a de bonnes raisons d’y croire, au vu de l’engouement que suscite l’industrie mécanique où des dizaines de projets d’investissements sont en cours de montage. Il y a lieu de noter, en effet, qu’entre 2012 et 2016, un certain nombre de projets structurants ont été initiés dans la sidérurgie, la mécanique, le textile, les matériaux de construction et les mines.

Cet effort des pouvoirs publics semble donner ses premiers résultats, en tout cas en matière de lancement effectif des complexes industriels. Ainsi, dans le ciment, l’Algérie cessera d’être importatrice et peut, dès l’année prochaine, s’orienter vers l’export. Dans la mécanique, les quatre projets initiés avec les Français et les Allemands sont entrés en exploitation, suscitant un effet d’entraînement auprès de nombreux opérateurs privés, dont un, promet une voiture made in Algeria au premier novembre prochain.

Dans d’autres filières, c’est le privé qui a pris l’initiative, à l’image de l’électroménager, l’électronique, les médicaments et l’agroalimentaire. Quelques tentatives prometteuses d’exportation ont été réalisées par des entreprises privées et le fameux forum Algérie-Afrique devrait en principe contribuer à booster la dynamique pour lui donner un contenu concret et surtout assurer sa pérennité.

Cela, sans oublier le complexe textile de Relizane qui traduit très bien la volonté affichée par le gouvernement qui tourne autour de l’intégration industrielle, la création d’emploi et l’exportation.

Tous ces investissements en partenariat avec des groupes étrangers ont la particularité d’être effectivement diversifiés. Dans sa stratégie de redressement industrielle, l’Algérie ne s’est pas accrochée à la locomotive française ou américaine. Parmi les partenaires économiques, il y a des Chinois, des Indonésiens, des Turcs, des Russes…. Bref, aucun pays ne peut se prévaloir d’être «la puissance» qui a redressé l’Algérie.