Le chef de file du mouvement contre Belkhadem, M. Boudjemâa Haichour semble brasser du vent. Il croit encore pouvoir, lui et ses camarades, avoir la tête de son adversaire, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem.
Dans un long entretien à un confrère, il s’est épanché sur la stratégie qui devrait mener, croit-il, tout droit vers le renvoi de Belkhadem.
Or, l’ex ministre de la poste et des technologies de la communication, s’est déjà trompé lourdement sur le taux de participation qu’il avait prévu «historique». Malin , il impute l’échec de son pronostic à l’implication personnelle du président de la république à la veille de législatives, qui aurait d’après lui sauvé le scrutin d’une désaffection immense.
«Nous avons mis en garde contre un faible taux de participation avant que le président de la République ne prononce son discours historique à Sétif mercredi à l’occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 45», dit-il. Il rappelle avoir dit que «Monsieur Belkhadem avait fait chavirer le bateau FLN, qui risquait le naufrage, à moins qu’une main experte n’intervienne pour sauver les meubles. À moins d’un miracle, nous aurions eu un taux d’abstention de plus de 70 %.
Le néo redresseur soutient que tout a changé «au lendemain du discours» du Président. Un discours qu’il trouve «presque testamentaire» durant lequel le président a appelé la deuxième génération post-indépendance à «prendre le relais dans la gouvernance du pays».Pour Boudjemâa Haichour, les compteurs sont donc remis à zéro et la tête de Belkhadem est plus que jamais mise à prix.
Le verdict du CC : un indicateur
«Il n’y a pas de volte face. Nous avons pris la responsabilité de destituer Belkhadem. Il a profité de la confiance des militants et du Comité central pour monter sa mouture tout seul et confectionner des listes entachées de beaucoup de saletés politiques. Cela va de la chkrara [argent sale, NDR] jusqu’aux indus politiques. Mieux encore, Haichour qui estime que «s’il n’y avait pas eu le discours du président, je crois que le FLN aurait été laminé une fois pour toutes !
Que faire maintenant ? Boudjemâa Haichour dit ne pas baisser les bras. «Nous avons tenu une réunion hier. Le Comité central du parti va se réunir le 19 mai pour destituer Belkhadem». Mais il apparaît nettement moins sûr de pouvoir atteindre son objectif. «Je ne sais pas ce qui va se passer. Je ne sais pas non plus si les membres du CC vont changer d’avis».
Pourquoi donc changer d’avis ? Implicitement, l’ex ministre reconnaît presque que la mission s’annonce difficile sinon quasi impossible face à un homme qui a replacé – quoi qu’il en dise- le FLN à la tête de la classe politique loin derrière son poursuivant immédiat.
Le coup d’état organique parait inimaginable au regard du bilan chiffré de Abdelaziz Belkhadem. A moins qu’il soit démontré preuves à l’appui que sans le président Bouteflika, le FLN aurait été malmené. Alors, et seulement alors que la chute de Belkhadem deviendrait salutaire pour le parti- appareil. Le verdict du prochain Comité central va sans doute répondre à ces questions.