Ce sont là les propos tenus lors de l’émission «Dossier de la semaine : comment les Algériens vont-ils accueillir l’après-amendement de la Loi des finances pour 2016», transmise samedi par la Chaîne privée Numidia News.
Le disciple de feu Mahfoud Nahnah demeure dans une position mitigée, entre pessimisme et optimisme, par rapport à ce qui attend le citoyen lambda à l’issue de la hausse de produits de première nécessité, qui l’attend au tournant de l’année prochaine. «Je ne suis ni pessimiste ni optimiste », déclare-t-il en signe d’atténuation des propos soulignés précédemment. «Avec un salaire de 100 000 DA, l’Algérien peut prétendre parer à la hausse drainée par l’amendement de la Loi des finances pour 2016, car, comme l’a si bien relevé un citoyen rencontré récemment, celle-ci générera des dépenses supplémentaires de l’ordre de 30% du salaire initial, si ce n’est plus», mathématise l’ex-ministre d’état dans les gouvernements Ouyahia et Belkhadem. À une question sur les mesures que devrait prendre le gouvernement en vue de faire face à la période post-baisse des hydrocarbures, l’ex-ministre est catégorique : «On n’a jamais tiré les leçons de ce genre de situations. Et quel meilleur exemple que l’on puisse donner que celui de l’année 1986. Les décideurs, à cette époque, ont-ils vraiment pris les devants ?»
Au sujet de l’ouverture du capital du secteur public à hauteur de 34%, Bouguerra Soltani n’y voit qu’un trompe-l’œil qui ne réglera pas pour autant le problème de ce secteur.
«Nous n’avons pas un problème de capital, ni de foncier, encore de manque dans les riches actionnaires ni des aisés propriétaires ; le problème réside dans la gestion», argumente-t-il. Et d’enchaîner, « L’état est un mauvais gestionnaire », et de nuancer : « Et cette remarque n’est pas spécifique à l’état algérien, elle est le propre de tous les Etats à l’échelle planétaire ».
Concernant l’indemnité promise aux personnes nécessiteuses et estimée à 10 000 DA, l’invité de l’émission la considère comme inopportune. « à mon avis, l’urgence est dans l’établissement d’un fichier national qui détermine qui sont les pauvres et ceux qui ne le sont pas ou qui feignent de l’être. Et je sais de quoi je parle, moi qui a occupé le poste de ministre du Travail et de la Protection sociale (gouvernement Benbitour et Benflis, ndlr). à cette époque, mes services ont recensé
83 000 cartes falsifiées de nécessiteux. », souligne-t-il. C’est dire que la population-cible n’est pas forcément là ou l’on croit qu’elle soit ! En conclusion, à l’un des deux journalistes, qui ne cessait de l’affubler de «maali el-wazir », et qui lui demandait une prescription médicamenteuse aux maux que vit le pays, Bouguerra Soltani préconise, comme remède, de « garantir la stabilité comme gage de réussite, avec ses aspects de sécurité, de transparence et de lutte contre la méfiance qui s’est établie entre gouverneurs et gouvernés depuis des années». Et de préciser, «le plus grand capital que recèle l’Algérie n’est pas ses hydrocarbures, ni sa matière grise, mais sa stabilité ».
Zaid Zoheir