Bouira: C’est l’imbroglio total dans le secteur de l’éducation à M’chédallah

Bouira: C’est l’imbroglio total dans le secteur de l’éducation à M’chédallah

Entre les appels anonymes récurrents appelant au boycott de la langue arabe en réponse au refus des parents d’élèves de permettre à leurs enfants de suivre l’enseignement de tamazight dans une école de Jijel et les problèmes des élèves exclus de la terminale qui font du chantage pour leur réintégration, c’est l’imbroglio total à Bouira, surtout dans la daïra de M’chédallah.

Après les appels des semaines passées au boycott de la langue arabe qui n’ont pas reçu d’écho, hier, et selon nos informations, plusieurs établissements scolaires, surtout des lycées et des collèges de la daïra de M’chédallah, ont répondu présents à cet appel anonyme. Des dizaines d’élèves des trois lycées de M’chédallah, ainsi que celui de Raffour ont marché hier matin dans les rues de la ville de M’chédallah en scandant à tue-tête des slogans propres à la revendication amazighe, comme « Assa, azekka tamazight tella, tella» (Aujourd’hui, demain, tamazight existe et existera) ; «anwi wigui, d Imazighen» («Qui sommes-nous ? Des Imazighen) ; mais également, «Corrigez l’Histoire, l’Algérie n’est pas arabe» ou encore «Nous ne sommes pas des Arabes, tamazight di lakul».

Des dizaines d’élèves ont convergé vers le lycée Nasr-Eddine Mcheddali, pour se rassembler sur place devant le portail principal près d’une heure durant en scandant tous les slogans propres à tamazight, avant de se disperser dans le calme sous l’œil discret des services de sécurité qui ont fait preuve de professionnalisme en évitant toute apparition qui aurait été interprétée comme une provocation. Dans l’après-midi, nous avons appris que dans chaque lycée, les cours ont été assurés normalement pour les élèves surtout les filles qui n’ont pas quitté leurs établissements, alors que les élèves qui ont marché sont rentrés chez eux.

Par ailleurs, du côté des autres communes de la daïra, le même décor a été signalé. Des élèves ont répondu à l’appel du boycott de la langue arabe, d’autres encore, comme ceux du lycée de Chorfa, sont toujours en grève pour réclamer le retour des élèves exclus de la terminale. Les mêmes scènes ont été signalées dans les lycées d’Ahnif, Ath-Mansour, Saharidj et Aghbalou, et même dans certains collèges de la daïra.

En somme, c’est la confusion totale surtout avec ces manipulations tous azimuts en ces temps de non-communication et des fake news distillées royalement via Facebook et les pages anonymes.

Des manipulations encouragées par le dépassement des associations des parents d’élèves et l’administration centrale, d’un côté, et, de l’autre, un manque flagrant du rappel à l’ordre de certaines personnalités nationales qui attisent le feu de la fitna avec leurs positions négatives pour ne pas dire haineuses, vis-à vis de tamazight. Une langue nationale et officielle qui souffre d’une mauvaise prise en charge de la part de l’Etat surtout dans le système éducatif avec ce caractère facultatif pour son enseignement introduit en 2008 dans la loi sur l’orientation scolaire et resté toujours en vigueur alors que depuis 2016, après que tamazight eut enfin arraché son statut de langue nationale et officielle dans la Constitution, le bon sens aurait voulu que ce caractère facultatif soit automatiquement abrogé, comme ne cessait et ne cesse encore de le rappeler le HCA, ne serait-ce que, dans un premier temps, les wilayas berbérophones.

Mais comme le pouvoir nous a habitués à sa gestion par à-coups et ces réactions tardives, il est fort à parier que la question de tamazight soit, encore une fois, sous-estimée par le pouvoir.

Y. Y.