La lutte contre le commerce informel reste une nécessité pour mettre de l’ordre dans un secteur qui par la force des choses s’est bazardé.
Cette lutte doit d’abord s’attaquer à la source. Le fait est totalement contraire depuis quelques jours et principalement au marché de la cité des 1100 Logements à Bouira. Quotidiennement, les agents de l’ordre public traquent des jeunes qui s’adonnent à la vente des fruits et légumes aux alentours de ce marché couvert. Certains ont même vu leurs marchandises saisies et conduites à la Maison des retraités sise à Errich.
La situation serait normale si au demeurant les pouvoirs publics s’attaquaient aux barons. Le jeune qui un vendredi tente de gagner quelques sous en vendant deux caisses de pommes de terre, ou une cagette de grenadine… n’est pas la cause du déficit fiscal du Trésor public.
La vraie fraude est à chercher du côté de ces intermédiaires qui ont pignon sur les marchés de gros, la fraude fiscale a pour cause ces faux investisseurs qui bénéficient des aides de l’Etat et qui n’offrent aucune contrepartie à la société. La fraude est du côté de ces employeurs qui fuient les cotisations sociales. Un jeune qui un vendredi vient déposer quelques kilos de fruits et de légumes est un jeune qui a fait le choix de ne pas voler et de ne pas s’adonner au trafic des stupéfiants.
Les policiers ont certes des ordres à appliquer. Les responsables ont la responsabilité de trouver une solution à ce phénomène qui s’il venait à se perpétuer sera fatal au pays. «Je viens vendre quelques kilos de haricots verts pour subvenir aux besoins de ma famille. On m’a saisi ma marchandise. On veut me pousser à basculer dans l’interdit», nous confie un jeune qui a été arrêté un moment puis relâché. Depuis plus de trois années, les élus communaux parlent de marchés de proximité qui accueilleront ces petits marchands. A ce jour le projet reste toujours à l’état d’étude.
L’application de la loi qui est du ressort des services spécialisés doit se faire sur l’ensemble du territoire de la wilaya.
L’intransigeance des agents au niveau de la cité des 1100 Logements est remplacée par une gentillesse et un laisser-aller sans limite en face de la mosquée du quartier Zerrouki, un quartier qui à l’orée de la décennie noire était qualifié de «Kaboul». La même remarque est valable pour ce marché clandestin né sur les accotements de la RN5 à la sortie de la ville. Si l’Etat veut se faire respecter, il doit être présent partout.
La loi n’est pas un saint écrit. Les petits commerçants autour du marché des 1100 Logements rendent énormément service aux citoyens surtout que l’unique marché couvert du chef-lieu de wilaya est déserté dès 16 heures. Le moment est venu de se pencher sur cette situation et de trouver une issue favorable à ces jeunes qui nourrissent des familles entières. En attendant la réaction des responsables, hier Karim, Samir… et beaucoup d’autres jeunes de l’Ecotec ont perdu une marchandise chèrement achetée suite à une descente policière.
Leur bien aurait été transféré à la Maison de retraite. Est-ce que ce ravitaillement sera servi aux pensionnaires et sur le plan comptabilité de cette structure, les choses sont transparentes. La question reste posée et mérite qu’on s’y attarde.