Le ministre de l’Agriculture rassure les citoyens en annonçant des prix raisonnables des fruits et légumes au prochain Ramadhan.
D’ici là, ces mêmes citoyens seront à la merci des mercantiles qui ne cessent de revoir à la hausse les coûts des produits de large consommation. En effet, hier et à travers l’ensemble des marchés de la wilaya, la pomme de terre était cédée à 80 DA/kg. La carotte et la courge coûtent entre 80 et 100 DA. L’artichaut et les petits poids qui sont des légumes de fin de saison, ce qui sous-entend la baisse de leurs prix, continuent à être vendus entre 5 et 80 DA selon la qualité. Le citoyen peut se rabattre sur la pomme de terre de moindre qualité et qui est proposée à 45 DA/kg. Le marché connaît aussi un fait inhabituel avec le prix de l’ail.
Il est affiché à 1500 DA. Si pour le prix de la banane, la hausse trouve une explication, suite à l’interdiction de l’importation des fruits, l’ail, lui, est produit localement. Cette hausse inexpliquée et injustifiée est l’oeuvre, selon les détaillants à l’entrée du marché, de spéculateurs qui ont pignon sur rue. Ni les services du commerce ni les associations des professionnels ne peuvent arrêter cette anarchie dont l’unique victime reste le simple client qui, à chaque occasion, met la main à la poche. L’augmentation touche les agrumes également puisque l’orange coûte selon sa qualité entre 130 et 350 DA/kg. Même constat pour ce produit dont regorge la wilaya avec ces vergers de la région de Kadiria. «Aucune justification réaliste ne peut expliquer la révision à la hausse de bon nombre de fruits et légumes»; l’affirmation est celle d’un citoyen rencontré au marché couvert de la ville de Bouira.
Les justifications liées au climat et à la forte demande ne tiennent pas la route surtout que les produits sont largement disponibles et aucune pénurie, jusque-là argument avancé à chaque augmentation, n’est enregistrée. Où se trouve donc la faille? Pour les personnes rencontrées, la raison essentielle reste le monopole des intermédiaires et leur emprise sur les lieux de vente. Des filières entières activent dans l’informel et parties prenantes sont sur les circuits commerciaux. Cette situation est rendue facile par l’absence des organismes de contrôle relevant du ministère du Commerce et des directions de wilaya.
«Les commerçants dictent leur loi», nous confie encore notre interlocuteur. L’administration, qui se cache derrière cette satanée liberté des prix, fuit ses responsabilités. L’activité de vente et d’achat est régie par la loi qui exige des registres du commerce, des factures d’achat. L’Etat ferme les yeux et laisse la situation évoluer vers une anarchie totale qui hélas, caractérise le commerce en Algérie. Au gré des conjonctures, l’état intervient, réprime, puis lâche du lest. Le ministre venu récemment à Bouira prêcher la bonne parole et son engagement à mettre de l’ordre dans le secteur a du pain sur la planche. Comme d’habitude, le simple citoyen, vivant d’un salaire, trinquera. Les augmentations votées dans la douleur l’année dernière mettront leur grain de sel dans un circuit déjà fortement altéré. La sortie du tunnel semble encore loin.