Bouira,Une année en dents de scie

Bouira,Une année en dents de scie

L’arrivée de la nouvelle année reste pour les citoyens de Bouira synonyme d’espoir

Promulguée wilaya en 1974, elle est restée une sous-préfecture de la wilaya mère.

La dernière feuille du calendrier 2011 est définitivement tournée. Quels faits saillants auront caractérisé la vie pendant une année au niveau de la wilaya de Bouira? Même s’il a été réjouissant pour certains, morose pour d’autres, le bilan de l’année est en dents de scie d’un secteur à un autre et d’une région à une autre. La tendance globale reste acceptable au regard des exercices antérieurs et qui ont amené Bouira à accuser un retard dans son développement. Promulguée wilaya en 1974, elle est restée une sous-préfecture de la wilaya mère. La preuve reste la dépendance administrativement parlant d’un grand nombre d’organismes et administrations publiques dont les directions générales et régionales sont ailleurs. Les banques, Sonelgaz, l’ADE, les Impôts, l’ex-Sntr, la Cnep… sont autant de services publics implantés au chef-lieu de wilaya mais relevant de Blida, de Tizi Ouzou, de Sétif. Que retenir de cette année où de grands efforts ont été consentis mais beaucoup reste à faire.

L’emploi et le logement: un lourd héritage

Ainsi pour le chômage, l’emploi et malgré la mise en place de plusieurs formes de recrutement, la demande d’un travail décent, durable et suffisamment rémunéré restera un rêve que beaucoup vont devoir différer temporairement sur 2012 voire plus tard encore. Le phénomène à l’origine de l’ensemble des mécontentements vécus durant l’année concerne toutes les régions de la wilaya. Sour El Ghozlane au sud et dans ce qui a été qualifié de l’affaire de l’ «Enad» aura occupé plusieurs fois les espaces médiatiques quand ce groupe national, spécialisé dans la fabrication des détergents, avait licencié plus de 500 travailleurs temporaires. Après le chômage et ses répercussions sur la société, le logement reste le second dossier qui aura retenu l’attention pendant toute l’année.

«Une demande cumulée des années durant face à une offre toujours réduite». Cette phrase résume les déboires d’un secteur où ni le privé, ni le public ne donnent l’impression de maîtriser la situation. Chaque opération de distribution est synonyme d’émeutes et de réactions violentes. La raison est évidente. Lassés d’attendre éternellement quatre murs, les citoyens usent de tous les subterfuges pour entrer dans des listes. La crainte d’être dépassés a amené les pouvoirs publics à retarder les opérations de distribution comme au chef-lieu de wilaya où des milliers de logements attendent d’être occupés en se dégradant au quotidien. La recherche d’un toit demeure le souci de tout Algérien majeur. Ni le million de logements annoncé par le Président, ni la réalisation des reliquats des années passées, ni la diversité des formules… ne sont arrivés à résorber une demande de plus en plus pressante.

Donnant la priorité au logement participatif, au programme de résorption de l’habitat précaire, au promotionnel, les responsables ont oublié les couches les plus défavorisées qui pouvaient espérer un jour bénéficier d’un logement décent dans le cadre du social. Au chef-lieu et suite à la courageuse décision d’éradiquer les haouchs, un problème a alors surgi. La position de certains propriétaires qui auront tenté de tirer un maximum de profit en voulant tout prendre pour eux. Le LSP annoncé en grande pompe a fini par montrer ses limites puisque dans 90% de cas il a été rentable aux promoteurs. La situation des 137 postulants Aadl qui attendent depuis maintenant 4 ans le début des travaux reste un cas décole dune administration aux mains liées devant l’abus de cet organisme qui travaille avec l’argent du citoyen. Une seule satisfaction est à retenir. Il s’agit de l’habitat rural qui a connu en une année une nette avancée. Plus de 20.000 unités et aides ont été attribuées. En apportant des correctifs quand au droit de construire en hauteur, de faire bénéficier les célibataires, plusieurs membres d’une même famille sous la forme d’un habitat groupé… les décideurs ont contribué à booster ce segment d’habitat qui reste un moyen pour lutter contre l’exode vers les villes. L’année 2011 restera aussi l’année où tous les projets inscrits pour cet exercice ont été lancés dans les délais.

Deux satisfactions: le gaz naturel et les routes

La grande satisfaction pour cette année reste sans conteste le gaz naturel. Onze distributions publiques ont té réceptionnées permettant à des populations jusque-là isolées dans des circonscriptions comme Saharidj, Ahl El Ksar, Bir Ghbalou, Ridane… d’être alimentées et permettant aux citoyens d’en finir avec la bouteille. Sur ce plan et même si certains projets glissent sur l’année 2012, comme c’est le cas d’Aghbalou, les raisons seront à mettre à l’actif de cette tendance de quelques citoyens à formuler des oppositions au passage de ce produit énergétique. Cette manière de faire touche aussi les canalisations de l’AEP comme c’est le cas dans la circonscription de Souk El Khemis où des centaines d’habitants sont pénalisés par le refus d’un citoyen de laisser l’entreprise installer les canalisations sur ses terres.

En chiffres, les taux de raccordement en énergie sont en nette progression. En 2010 la couverture en gaz était de 36%, en cette fin d’année elle dépasse les 60% pour atteindre en 2012 les 72%. Le bilan de cette année a concerné le raccordement de Haïzer, Taghzout, Aïn Laloui, Bir-Ghbalou, Raouraoua, El Khabouzia, Ahl El Ksar et Aïn Turck. Ces huit communes sont venues compléter celles du programme des Hauts-Plateaux que sont Bordj Okhris, Hedjra Zerga, Hakimia, Dechmia, Mesdour, Taguedit, Maâmoura et Ridane. Les travaux publics aussi auront connu plusieurs nouvelles réalisations qui ont permis de désenclaver des régions entières mais aussi participé à l’amélioration des conditions de déplacement sur le réseau routier de la wilaya. L’ouverture de l’axe Bouira-Alger par l’autoroute restera le fait saillant qui restera dans les souvenirs pour cette fin d’année. Le secteur de la santé aussi s’est renforcé de plusieurs structures. Le manque d’effectifs spécialisés et de paramédicaux aura réduit sensiblement l’impact sur le citoyen qui continue à recourir au privé malgré des prix prohibitifs. Le secteur de l’éducation qui a connu un changement à la tête de sa direction a eu son lot de grèves et de protestations. Les enseignants non intégrés, les ouvriers des corps communs, les gestionnaires, les enseignants ont, tour à tour, manifesté leur mécontentement. Le classement de la wilaya aux examens du Bac et du BEM ont, une nouvelle fois, mis à jour le marasme qui prévaut dans les rangs de la corporation.

Année difficile pour l’agriculture

Malgré son statut de wilaya agricole, les immenses potentialités qu’elle recèle, le secteur de l’agriculture est resté loin des espoirs et des objectifs. Le recours des paysans à des actions de rue comme ce fut le cas pour ceux d’Aghbalou qui ont pendant toute la dernière quinzaine de décembre recouru à la fermeture de la Chambre d’agriculture, de l’APC puis de la daïra de M’Chedallah, reste un signe fort du marasme qui gangrène le secteur. Même si du côté de la direction on tente de calmer les esprits en annonçant des chiffres, le citoyen ne voit rien venir. Le marché informel et la hausse des prix auront caractérisé l’année.

Le citoyen a tout au long des 365 jours été malmené par des commerçants qui n’ont eu aucun état d’âme pour le saigner jusqu’à l’os. En janvier et suite aux augmentations qui ont touché le sucre et l’huile, les citoyens ont mené des actions de rue qui ont coûté comme dégâts, des milliards de centimes au Trésor public. La pomme de terre, un tubercule largement produit dans la région, a atteint le prix record de 70 DA le kilo. La promesse des pouvoirs publics d’ouvrir un marché de gros pour tenter d’éradiquer le phénomène de la spéculation est restée lettre morte puisque prévu pour 2011, il n’a pas encore vu le jour à Aïn Bessem. Cette situation d’inquiétude aura été accentuée par le manque d’eau. L’arrivée des pluies en retard aura aussi été un sujet de crainte pour une agriculture céréalière minée par la bureaucratie, la raison qui avait poussé les agriculteurs à occuper la rue. Les récentes précipitations qui ont coïncidé avec le réveillon permettront aussi de remplir les trois barrages que compte la wilaya. Si celui de Tilesdit, commune de Bechloul, avoisine les 95%, celui de Lakhal, commune de Aïn Bessem, ne dépasse pas les 53% alors que le grand barrage de Koudiet Asserdoun, daïra de Lakhdaria, est rempli à plus de 75%.

La délinquance et la protesta

La relation administration-administrés a connu plusieurs moments forts. Devant l’inertie mais aussi le manque de communication, le citoyen s’est retrouvé obligé de recourir à des manifestations. Le blocage des routes, la fermeture des édifices, les pneus brûlés, les sit-in… auront repris et doublé d’intensité tout au long de l’année. Le cas de la commune de Haïzer, une Assemblée populaire communale bloquée depuis la dernière élection pour incompatibilité entre le maire et ses subordonnés, restera un cas atypique qui poussera peut-être les électeurs à réfléchir dix fois avant de choisir leurs candidats à l’occasion des prochaines échéances. La criminalité a également connu un net regain aux quatre coins de la wilaya.

Le phénomène des bandes, les agressions à l’arme blanche, la consommation de stupéfiants, les suicides, le kidnapping, les vols… sont autant de méfaits qui avaient défié les chroniques pendant toute l’année. Pour tenter de réduire ces phénomènes, les responsables pouvaient compter sur la pratique sportive.

Comme chaque année, les associations sportives de Bouira ont évolué avec la hantise de mettre la clé sous le paillasson. Le désintéressement des responsables locaux, la faiblesse des aides, le mépris affiché, parfois restent les facteurs importants qui auront bloqué l’évolution du sport et de la culture dans cette wilaya. Même la venue d’une star mondiale a eu l’effet inverse de l’objectif visé. 2011 se termine.

L’arrivée de la nouvelle année reste pour les citoyens de Bouira synonyme d’espoir, celui de voir Bouira postuler à un meilleur statut, surtout que sa situation et son potentiel sont favorables à la réalisation de cet espoir.