L’ancien ministre et penseur Noureddine Boukrouh est revenu ce lundi sur la question de « l’islamisme » militant et politique et des répercussions qu’il pourra engendrer sur la vie politique et sociale du pays.
Boukrou a donc, une nouvelle fois, abordé cette question lors d’un entretien accordé aujourd’hui à l’Agence Sputnik. Interrogé initialement sur le problème de la compatibilité de l’islam et de l’islamisme avec les valeurs républicaines universelles, notamment en France, l’intervenant ne s’est donc pas empêché d’évoquer le cas de l’Algérie.
D’emblée, Boukrouh a indiqué que « l’islamisme militant est et restera une menace permanente, fondamentale et systémique pour le monde arabo-musulman dans son ensemble ». Et ce « tant qu’il n’aura pas été dissocié de l’islam par un processus de réformes touchant le vieux savoir religieux à sa source, laquelle se trouve au Caire, à Médine, Qom ou Kandahar ».
En Algérie, l’intervenant a souligné que l’enseignement religieux que ça soit dans les écoles, lors des prêches dans les mosquées, voire à la télévision « procède de ce savoir religieux (islamisme NDLR) non renouvelé depuis mille ans et inadapté aux conditions de vie du monde moderne ».
Gagner « des élections démocratiques et les utiliser pour mettre fin à la démocratie »
Dans ce sens, il a tenu à rappeler que l’Algérie a été le premier pays « où l’islamisme politique a gagné des élections démocratiques ». Des élections qu’il comptait utiliser, ajoute-t-il, « pour mettre fin à la démocratie et à l’État de droit, et les remplacer par un État islamique mythique ».
Au passage, Boukrouh a cité les cas des révolutions qui se sont intervenus 20 ans plus tard « en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie, au Maroc, au Yémen ». Et « quand vint l’heure des élections, partout où elles ont eu lieu, elles ont été remportées par l’islamisme ».
Et comme conséquence, il cite le cas de « la Tunisie qui est institutionnellement bloquée à ce jour », de « l’Égypte qui est revenue au despotisme militaire », de « la Libye qui ne sait plus à quelle qibla se vouer », ou encore « le Yémen et la Syrie qui ont été détruits par le conflit entre sunnites et chiites ». Il note, par ailleurs que « seul le Maroc a échappé à la destruction ».
22 février et « Islamisme politique »
Revenant donc sur le soulèvement populaire du 22 février 2019, l’ancien ministre a souligné que « l’Islamisme politique », n’a pas été derrière son déclenchement, encore moins lors de la révolte du 5 octobre 1988.
À ce propos, il n’a pas manqué de souligné que « si cela devait arriver, ce serait encore une fois par la faute du peuple algérien qui aura succombé une nouvelle fois au chant des sirènes des temps anciens au lieu d’écouter la voix de la raison ».