Depuis son apparition au mois de mai dernier, la mineuse tutta-absoluta ne cesse de faire des ravages dans les champs des cultures maraîchères et plus particulièrement ceux de la tomate, dans plusieurs wilayas du nord du pays.
Cet insecte ravageur apparu pour la première fois en Amérique du Sud avant de s’introduire en Algérie via l’Espagne et le Maroc est devenu le véritable « ennemi » des agriculteurs.
Dans la wilaya de Boumerdès où l’on a prévu la production de 70 000 q de tomates, les conséquences et les dommages générés par ce parasite sont durement ressentis, aussi bien par les agriculteurs que par les consommateurs.
Quelque 80% des champs répartis sur une superficie de 200 ha ont été touchés par cette mouche « invisible à l’œil nu ».
Certains spécialistes indiquent que 17 000 ha de tomates industrielle disséminés à travers le territoire national sont réellement menacés et risquent d’être ravagés d’ici septembre prochain.
Ce « mal absolu » qui s’attaque aux cultures maraîchères a déjà fait des siennes dans plusieurs wilayas de l’ouest et du centre du pays, comme Relizane, Mostaganem, Tipaza et il est cours de propagation vers les wilayas de l’Est en détruisant des centaines d’hectares de champs de tomates.
Résultat : le prix de ce légume est devenu inaccessible aux petites bourses, affichant parfois sur les marchés des communes de la wilaya, comme partout ailleurs, 50 DA, alors qu’il a atteint 10 DA/kg durant la même période des deux dernières années.
Toutefois et selon nombre d’observateurs, « ce prix risque d’atteindre des pics exorbitants durant les prochains jours, compte tenu de la rareté de ce produit et les ravages qu’il (l’insecte) continue de faire subir aux plantations ».
Un avis que partage le président de la chambre de l’agriculture de la wilaya qui nous a affirmé que la production de la tomate de l’arrière- saison risque d’être compromise, d’autant plus « qu’aucun traitement spécifique n’est établi pour lutter contre cette maladie ».
« Actuellement, on utilise des produits de rapprochement comme le Lavard qu’on mélange avec d’autres insecticides. Mais ce remède ne fait que minimiser les dégâts », a indiqué le même responsable.
Avant de préciser que « notre région est connue pour sa production de la tomate depuis des années et c’est à partir de là que s’approvisionnent les marchés de gros de l’est du pays ».
Ce qui influera sans aucun doute sur la production et les prix de ce produit durant les mois à venir.
En sus de la tomate, tutta-absoluta s’attaque aussi à d’autres cultures maraîchères comme l’aubergine, la pomme de terre, le piment et le poivron en brisant leurs feuillages.
« Elle s’attaque à tous les fruits, qu’ils soient verts ou murs et se propage surtout durant la nuit et à la faveur de la chaleur », explique Rabah, un agronome de la wilaya.
Ce qui accentue l’inquiétude des agriculteurs qui soulignent n’avoir bénéficié d’aucune aide de la part de la tutelle pour les pertes qu’ils ont subies jusque-là.
« L’Etat ne nous a rien donné et la plupart d’entre nous ne savent même pas comment faire face à ce ravageur qui ne cesse de se propager dans nos champs », se plaint Amar, un agriculteur de la commune de Zemmouri.
Et d’ajouter : « On nous a promis des filets dits insect-proof pour empêcher ce parasite d’infiltrer nos champs et le capter dès émergence, mais moi, personnellement, je n’ai rien vu venir ».
« Je n’avais jamais vu un insecte qui détruit les cultures maraîchères aussi rapidement comme celui-ci, mais les pouvoirs publics n’ont mis aucune disposition efficace pour le combattre et sauver ce qui peut l’être », ajoute notre interlocuteur, qui n’écarte pas une flambée des prix des produits maraîchers tant que la lutte contre ce mal n’a pas encore donné de résultats.
Ramdane Koubabi