Si ailleurs les Jeux olympiques relèguent à des niveaux d’intérêt moindre tout autre spectacle de dimension mondiale, bien que le football et le show qu’il offre tous les quatre ans ainsi que d’autres disciplines sportives n’en finissent pas de gagner des populations entières d’adeptes, chez nous, en revanche, rien n’atteint la notoriété et la passion que suscite la Coupe du monde de football, certes plus lorsque les Verts sont de la partie, mais même si ceux-ci n’y sont pas, le rendez-vous éclipse presque tout et rien ne peut empêcher les Algériens de se gaver de foot comme tous les téléspectateurs du monde à un rythme effréné durant tout un mois. Même si l’image n’est plus aussi facilement accessible qu’elle le fut il y a quelques années.
L’incroyable développement du marché télévisuel qui accompagne la dimension quasi-industrielle qu’a prise le football, avec la naissance des bouquets et des prestataires TV hyper-puissants au point d’imposer un découpage, quasiment une partition, du monde en régions et sous-régions à la toute-puissante FIFA qui, elle, en retour, ne se fait pas gêner pour faire chauffer les enchères afin de vendre son spectacle à des prix qui dépassent tout entendement, notamment depuis l’édition 1994 de la Coupe du monde que les Etats-Unis ont abritée. En réalité, les spécialistes se sont accordés à dire que le début de la grande spéculation, surtout pour ce qui concerne le marché africain, remonte à la période 1998-2012, mais le réel développement est allé à une vitesse vertigineuse à partir de l’édition 2006 tenue en Allemagne, atteignant des proportions hallucinantes dans la vente des droits dont devaient s’acquitter les bouquets de télévision qui espéraient diffuser des images de la Coupe du monde. Une situation du marché dont les Algériens, comme dans beaucoup d’autres pays, n’en avaient cure puisque en parallèle était née l’autre industrie, celle du piratage qui a permis au téléspectateur de chez nous de recevoir et se délecter du flot d’images de la Coupe du monde presque les doigts dans le nez alors que dans d’autres contrées, par exemple chez nos voisins tout juste au-delà de la Méditerranée, le prix à payer n’était pas accessible à tout le monde, beaucoup se contentant du minimum de matchs que permet la législation de retransmettre en clair afin de garantir le droit à l’information.
Ainsi, et comme avant le coup d’envoi de chaque édition depuis près d’une vingtaine d’années maintenant, ces jours-ci s’est encore posée la lancinante question : où voir la Coupe du monde ? Les «légalistes» évidemment se rabattent sur le seul opérateur officiel ayant pignon sur rue en Algérie, le bouquet qatari qui compte les abonnés auxquels un peu plus de 20 000 dinars ne peuvent pas compter lourd dans le budget. 20 000 dinars, faudrait-il le souligner, pour ceux qui ont déjà le démodulateur maison, pour se l’offrir à l’occasion de cette Coupe du monde il faudra «casquer» plus de 10 000 dinars de plus. De l’autre côté, il y a les acquéreurs des solutions «parallèles», celles qui ont cours depuis de longues années maintenant malgré tous les moyens développées par les opérateurs pour en finir avec le piratage. Cette débrouillardise que permet la foultitude de démodulateurs qui n’ont aucun secret pour le téléspectateur algérien et tous ceux de la région qui ne peuvent pas compter, eux, sur les législateurs de leurs pays respectifs a fait qu’on n’a pas eu à se creuser les méninges comme cela a été le cas dans de nombreux pays d’Europe, initiateurs il y a plusieurs années de cela de la directive «Télévision sans frontières» qui a pour objectif de «renforcer le droit à l’information des téléspectateurs» en s’assurant que des événements de très grande portée, tels que la Coupe du monde ou les Jeux olympiques, soient diffusés par des chaînes de télévision en clair et non par des chaînes payantes, comme ce sera le cas pour cette Coupe du monde que retransmettront trois chaînes publiques allemandes (ZDF, Das Erst, One) et les chaînes généralistes espagnoles Telecinco et Cuatro du groupe privé Mediaset diffusées en clair qui se sont partagé les 64 matchs du Mondial russe. Ce dont les Algériens sont informés comme le laissent comprendre les réseaux sociaux auxquels les footeux de chez nous s’échangent une somme d’informations insoupçonnable pouvant aller du simple programme des horaires des matchs de la journée à l’information la plus technique telle la fréquence de la chaîne.
Chez nous donc, même si l’opérateur qatari peut se targuer de compter sur de fidèles abonnés capables de s’acquitter du prix du spectacle, il y a cette majorité qui s’accroche à ces démos qui continuent à faire des merveilles malgré la concurrence imposée par des boxes, surtout là où la connexion internet n’est pas tortueuse pour s’offrir des abonnements IPTV. Et puis, il y a les solutions à portée de main comme les applications toutes faites pour les smartphones même les moins sophistiqués, ou encore les sites de streaming live qui foisonnent sur la toile et que se partagent des groupes, parfois des dizaines, sur les réseaux sociaux. En tous les cas, ce n’est pas la Coupe du monde 2018 que quiconque empêchera les Algériens de voir.
Az. Maktour