L’ancien président Abdelaziz Bouteflika est décédé, hier vendredi, à l’age de 84 ans. Il avait dirigé l’Algérie pendant 20 ans, en étant le chef de l’État algérien ayant resté le plus longtemps en fonction.
D’un diplomate à un dirigeant contesté, Abdelaziz Bouteflika aura marqué l’histoire de l’Algérie durant plusieurs décennies. Né le 2 mars 1937 à Oujda au Maroc, Bouteflika rejoint l’Armée de libération nationale à l’age de 19 ans. Au sein de l’ALN, il intègre l’armée des frontières puis fait son entrée à l’école des cadres de l’ALN à Dar El Kebdani (Oujda) avant de devenir, en 1957, contrôleur pour la direction de la wilaya V.
Entre 1957 et 1962, Bouteflika progresse rapidement dans l’appareil administratif de l’ALN, en se liant avec Houari Boumédiène. Avec l’indépendance, il devient député de Tlemcen et intègre le premier gouvernement Ahmed Ben Bella en tant que ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme.
Père de la diplomatie algérienne
Un an plus tard (1963), Bouteflika hérite du poste de ministre des Affaires étrangères qu’il occupe jusqu’en 1979. Plus jeune diplomate au monde à l’époque, il participe en 1965 au coup d’État de Houari Boumédiène, qui s’était emparé du pouvoir en déposant Ahmed Ben Bella.
Avec la mort de Houari Boumédiène, Bouteflika est peu à peu écarté de la scène politique. D’un ministre des Affaires des étrangères à un conseiller du président Chadli Bendjedid (1979-1992).
Il occupe ce poste pendant deux ans, puis il s’exile en suisse après s’être exclu du bureau politique du FLN pour mauvaise gestion aux Affaires étrangères. Quelques mois après son exil, il est condamné par la Cour des comptes à rembourser 2 millions de dinars à l’époque. Bouteflika préfère garder le silence.
Le retour d’exil
En l998, Bouteflika marque son retour en Algérie. Il fait part de sa décision de se présenter, en tant que candidat indépendant, à l’élection présidentielle anticipée d’avril 1999. Le 15 avril, il est élu.
Dès sa prise de fonctions, il lance le chantier « Réconciliation nationale » pour mettre fin à la guerre civile ayant fait plus de 200.000 morts. En cinq ans, Bouteflika convainc les islamistes de déposer les armes et met fin définitivement au conflit.
Bouteflika remporta quatre élections présidentielles successives en 1999, en 2004, en 2009 et en 2014 avec des pourcentages croissants, mais contestés par l’opposition. Une série de victoires qui a mal fini.
La chute du clan Bouteflika
Affaibli par un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a affecté sa mobilité et son élocution, Bouteflika est réélu à 77 ans, en fauteuil roulant, avec 81,53 % des voix.
Durant son quatrième mandat, Bouteflika a vu vite son règne glisser entre les mains d’une mafia politico-economique, qui a fini par provoquer sa chute ainsi que celle de son clan.
En février 2019, le mouvement populaire du Hirak né. Des millions d’Algériens descendent dans les rues pour réclamer le départ de Bouteflika et son clan. Deux mois plus tard, il démissionne. Une fin de 20 ans d’un règne sans partage.