BILAN – Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans, a annoncé mardi soir sa démission du poste de chef de l’Etat, moins d’un mois après avoir dit qu’il renonçait à briguer un cinquième mandat. A la tête du pays depuis 1999, retour sur vingt ans d’une présidence tourmentée.
Cela a été annoncé par les médias officiels algériens ce mardi soir : le président algérien Abdelaziz Bouteflika a informé le Conseil constitutionnel de sa démission « à compter d’aujourd’hui ». Après vingt ans au pouvoir, le chef d’Etat quitte la présidence du pays, quelques heures après la remise en cause par l’armée algérienne de l’autorité de la présidence, et après plusieurs semaines de manifestations de grande ampleur dans l’ensemble du pays. Dès lundi soir, la présidence de la République avait annoncé que Bouteflika démissionnerait avant la fin de son mandat, le 28 avril.
Retour sur les dates-clés de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika.
15 avril 1999, l’accès au pouvoir
Soutenu par l’armée et dans un contexte de guerre civile, Abdelaziz Bouteflika accède au pouvoir le 15 avril 1999 après une élection largement remportée, avec 73,79% des voix. Dans la foulée du scrutin, six de ses adversaires, qui s’étaient d’ores et déjà retiré de la course, assurant que les « jeux étaient faits », ont contestée la légitimité de son élection. Le 16 septembre de la même année, le nouveau président algérien obtient un oui massif au référendum sur l’amnistie des islamistes n’ayant pas commis de crimes de sang et de viols et se soumettant à l’autorité de l’Etat.
8 avril 2004, la réelection
Le 8 avril 2004, Bouteflika est réélu à la tête du pays avec 84,99% des voix au premier tour, contre seulement 6,42 % pour son principal opposant du Front de libération nationale Ali Benflis. Abdallah Djaballah, du mouvement pour la réforme nationale, Saïd Saadi, du rassemblement pour la culture et la démocratie, Louisa Hanoune du parti des travailleurs et Ali Fawzi Rebaine, de l’Ahd 54, obtiennent respectivement 5%, 1,9%, 1% et 0,6% des voix.
Au cours de ce deuxième mandat, le chef de l’Etat organise un nouveau référendum, qui aboutit à l’adoption d’une « Charte pour la paix et la réconciliation », offrant le « pardon » aux islamistes encore dans le maquis en échange de leur réédition.
6 septembre 2007, Bouteflika cible d’un attentat suicide
Le 6 septembre 2007, le cortège du président de la République est la cible d’un attentat suicide à Batna. Tentant de prendre la fuite et poursuivi par les forces de police, un terroriste islamiste se fait exploser, faisant 22 morts et 107 blessés. Le 11 décembre de la même année, deux attaques visent le siège du Conseil constitutionnel et des agences de l’ONU, également revendiqués par Aqmi (Al Qaida au Maghreb Islamique).
12 novembre 2008, adoption de la révision de la Constitution
Le 12 novembre 2008, le Parlement adopte une révision de la Constitution supprimant la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Élu en 1999 et réélu en 2004, cette révision de la Constitution permet à Bouteflika de se représenter pour un troisième mandat à la tête du pays.
9 avril 2009, le troisième mandat
Le 9 avril 2009, Bouteflika est de nouveau élu président de l’Algérie avec, cette fois, 90,24% des suffrages, devant Louisa Hanoune, du parti des travailleurs (4,22%), Moussa Touati, du FNA (2,31%), Belaid Mohand Oussaid du PJL (0,93%) et Ali Fewzi Rebaine du Ahd 54 (0,92%). Une nouvelle fois, son élection est fortement contestée par ses adversaires.
Janvier 2011, émeutes et protestation contre le coût de la vie
En janvier 2011, dans le contexte du printemps arabe, des émeutes contre le coût de la vie font cinq morts et plus de 800 blessés en Algérie. Des scènes de violences qui vont amener Bouteflika à annoncer des réformes, jugées insuffisantes par l’opposition.
Avril 2013, Bouteflika victime d’un AVC
En avril-juillet 2013, un accident vasculaire cérébral laisse Abdelaziz Bouteflika affaibli et souffrant d’importantes séquelles. En septembre, il marque pourtant son autorité avec un important remaniement ministériel et réduit l’influence des services secrets.
17 avril 2014, quatrième mandat pour un président affaibli
En 2014, il est réélu pour un quatrième mandat avec 81,49% des voix, devant Ali Benflis (12,3%), Abdelaziz Belaid (3,06%), Louisa Hanoune (1,37%), Ali Fawzi Rebaine (1,22%) et Moussa Touati (0,56%). Il prête serment en fauteuil roulant et sera de nouveau hospitalisé à plusieurs reprises en Europe.
Février 2019, le peuple se soulève contre un cinquième mandat
Le 10 février 2019, Abdelaziz Bouteflika annonce qu’il briguera un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril. Une annonce qui entraîne un mouvement de contestation très important dans le pays, des dizaines de milliers de personnes défilant dans les rues en signe de protestation. Finalement, après ce mouvement sans précédent, le président Bouteflika, par l’intermédiaire de ses représentants, annonce le 11 mars renoncer à briguer un 5e mandat et reporter l’élection présidentielle, prolongeant de fait son mandat, jusqu’à un prochain scrutin, prévu à « une date ultérieure ».
2 avril 2019, Bouteflika présente sa démission
Après avoir annoncé le 1er avril la démission de Bouteflika avant l’expiration de son mandat, à savoir le 28 avril prochain, la présidence de la République algérienne fait état le lendemain, le 2 avril au soir et par le biais des médias officiels algériens, de la démission du chef de l’Etat âgé de 82 ans. Dans une lettre, ce dernier annonce : « Cette décision procède de mon souci d’éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement l’actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l’Etat. »
Avec Lci.fr