Bouteflika fait allusion à sa candidature: «La réussite exige la poursuite de notre programme de réformes»

Bouteflika fait allusion à sa candidature: «La réussite exige la poursuite de notre programme de réformes»

Abdelaziz Bouteflika s’est longuement étalé, dans une interview publiée ce week-end par l’institution britannique Oxford Business Group, sur les défis majeurs qui interpellent l’économie nationale et le nouveau modèle de croissance qu’il conçoit pour l’Algérie, pour la décennie à venir. Il y a dressé les grandes lignes de ce qui s’apparente à un véritable programme électoral, à moins de trois mois de la présidentielle du 18 avril prochain.

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Ouvrons, déjà, une parenthèse pour préciser qu’il s’agit, là, d’une deuxième intervention présidentielle, via ce même canal, Oxford Business Group, et sur le même thème, en une année. Bouteflika le rappelle d’ailleurs lui-même. «J’ai eu l’occasion, dans la précédente édition de votre rapport, de présenter les fondements de ce nouveau modèle économique et les objectifs fixés à l’horizon 2030», dira-t-il avant d’enchaîner : «Rappelons seulement les principes qui le régissent, à savoir la rationalisation et l’efficacité de la dépense publique, la solidarité et la justice sociale, le renforcement et la place de l’entreprise, notamment privée, dans l’économie nationale, l’amélioration continue de la gouvernance, dans tous les domaines, et la réaffirmation de la concertation dans la conduite de ces affaires économiques.»

Il ne s’agit pas d’un projet, mais d’un programme en cours d’exécution déjà, puisque Bouteflika tenait à préciser encore que «c’est dans le cadre de ces principes que se déploie actuellement l’action du gouvernement». Une politique économique du gouvernement «qui consiste en particulier à contenir les investissements infrastructurels n’ayant pas un effet d’entraînement sur les capacités productives, à éliminer progressivement les déficits du budget et de la balance du paiement, à rendre plus visibles nos politiques et stratégies sectorielles, à poursuivre l’assainissement du climat des affaires, et à poursuivre nos exportations, en particulier hors hydrocarbures, par des actions mieux organisées et plus crédibles».

Le gouvernement a dû, en effet, procéder, sous la contrainte induite par les chutes vertigineuses des prix du pétrole, depuis juin 2014, au gel, et même à l’annulation de nombreux projets, dans divers domaines. «Ce nouveau contexte (mondial), fortement contraignant, l’économie algérienne l’a fortement ressenti à partir de 2014, en se trouvant confrontée à une baisse drastique de ses revenus financiers issus de ses exportations d’hydrocarbures et qui constituent une source importante de financement de son développement.» Bouteflika affirmera également que l’Algérie a pu amortir le choc, grâce au remboursement, avant terme, de ses dettes extérieures, la constitution de réserves de change et le financement domestique de son développement.

Sauf que la persistance de cette tendance baissière des prix du pétrole oblige à une refonte radicale de la vision et du modèle économique pour le pays. C’est ainsi que Bouteflika décline les nouvelles orientations économiques initiées depuis 2014 : «Nous continuons à encourager l’investissement, national et étranger, surtout dans les secteurs et filières à forte valeur ajoutée, les énergies renouvelables, l’agro-industrie, les services et l’économie numérique, l’aval des hydrocarbures et le secteur minier, le tourisme et les zones logistiques.» De cette nouvelle démarche, l’Algérie, estimera Bouteflika, escompte, aussi bien l’équilibre de ses comptes publics que la croissance de son PIB hors hydrocarbures à horizon 2030.

Il préviendra, toutefois, que «ce modèle qui se met en place progressivement peut connaître des ajustements conjoncturels, liés aux incertitudes et contraintes de l’économie mondiale. L’essentiel est de maintenir le cap en direction d’une économie productive (…)». Parmi les mesures phares envisagées pour booster l’économie nationale, le partenariat public-privé, l’amélioration du climat général des affaires et une législation appropriée, comme «la nouvelle loi sur les hydrocarbures» évoquée d’ailleurs par Bouteflika. «La diversification de notre économie est un objectif central et incontournable de notre démarche économique.

Sa concrétisation n’est pas simple : elle exige des politiques économiques, industrielles et agricoles appropriées, du temps et de la constance dans leur mise en œuvre.» L’Etat, poursuivra Bouteflika, a engagé ce nouveau processus depuis quelques années. Notamment à travers de colossaux investissements en matière d’infrastructures de base, la relance de plusieurs filières industrielles comme la sidérurgie, l’industrie pharmaceutique, l’automobile, l’électronique, l’agroalimentaire, le ciment et les matériaux de construction et «tout récemment, la production du phosphate». Pour Bouteflika, «le niveau atteint par la diversification de l’économie nationale n’est donc pas négligeable.

Mais il reste, aujourd’hui encore, insuffisant (…) pour constituer une alternative sérieuse aux hydrocarbures». Pour pouvoir hisser l’économie nationale au-delà de sa dépendance totale et chronique aux seuls hydrocarbures, Bouteflika préconise une série de mesures, dans divers domaines. Comme par exemple, placer l’entreprise publique et privée au cœur du dispositif, revoir les méthodes de gestion, combattre la bureaucratie, etc. Bref, il s’agit, là, d’un programme d’un… candidat à la prochaine présidentielle ! Bouteflika le dira même, à sa manière, lorsqu’il conclura comme suit : «En définitive, la réussite du processus de diversification exige la poursuite résolue de notre programme de réformes, tant sous l’angle institutionnel et administratif que sous celui de l’économie des finances et des banques (…)». Autrement dit, «la continuité», comme l’y exhortent, depuis des mois, ses soutiens comme le FLN, le RND, TAJ, l’UGTA, etc.

K. A.