Brahim Hasnaoui, l’un des plus grands entrepreneurs algériens du bâtiment, à “Liberté” “Un écosystème industriel pour réduire les surcoûts du bâtiment”

Brahim Hasnaoui, l’un des plus grands entrepreneurs algériens du bâtiment, à “Liberté”  “Un écosystème industriel pour réduire les surcoûts du bâtiment”

Le groupe Hasnaoui est cette année encore fortement représenté au Salon Batimatec. Brahim Hasnaoui est à la tête depuis près de 40 ans d’un des plus grands et des plus réputés groupes privés algériens de promotion immobilière pour la qualité de ses réalisations. Il a des idées précises sur les sources de surcoût dans le secteur algérien du bâtiment.

C’est dans le but de réduire ces surcoûts que le patron du groupe Hasnaoui plaide depuis de nombreuses années en faveur de l’industrialisation du secteur. “Une entreprise n’aurait pas besoin d’investir dans une centrale à béton si le béton était disponible. Elle n’aurait pas non plus besoin de faire son propre ferraillage s’il y avait des usines spécialisées dans le façonnage de l’acier”, clame le promoteur algérien. Il souligne la nécessité de développer le maximum d’activités en amont de l’entreprise dans la finalité de réduire les charges de celle-ci. Brahim Hasnaoui appelle aussi au développement des services. “Il y a par exemple, aujourd’hui, des coffrages modulaires qui permettent de travailler beaucoup mieux et moins cher. Malheureusement, ce sont des équipements qui coûtent trop cher à l’entreprise. Or, ailleurs, une entreprise n’achète pas son coffrage mais elle le loue. Elle n’a pas besoin d’acheter mais elle loue sa grue. Le nombre et la hauteur des chantiers diffèrent et l’entreprise ne devrait pas avoir besoin de s’équiper à chaque fois”, estime M. Hasnaoui, qui ajoute que “si tout cet écosystème industriel était disponible, l’entreprise de réalisation pourrait enfin se consacrer à son cœur de métier qui est l’étude et la réalisation”.

Le ciment trop cher ?

Le prix de vente du ciment est un autre facteur de surcoût identifié par le patron du groupe Hasnaoui, outre les problèmes de disponibilité du produit en voie de règlement. “Aujourd’hui, il y a encore 2 ou 3 millions de tonnes de ciment qui sont importées pour réguler le marché. Mais dans 3 ans, avec tous les projets en cours, l’offre va être excédentaire et les prix vont baisser. Car aujourd’hui, les prix sont anormalement élevés”, affirme Brahim Hasnaoui. Cet avis du patron algérien sur le prix du ciment rejoint un point de vue qui semble aujourd’hui largement partagé. L’économiste et ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou considérait récemment ces prix comme “les plus élevés du pourtour méditerranéen”. M. Benachenhou avait, dans le même ordre d’idées, regretté que le cimentier français Lafarge, désormais largement présent en Algérie, ait purement et simplement aligné ses prix sur ceux du groupe public Gica en dépit de faibles coûts de production. De son côté, Réda Amrani, spécialiste en politique industrielle, souligne également que les producteurs de ciment en Algérie bénéficient d’un faible coût de l’énergie qui n’est pas répercuté sur le prix du produit au consommateur.

Les banques au cœur du dispositif

Dans la démarche prônée par Brahim Hasnaoui pour construire un nouvel écosystème autour du secteur du bâtiment, les banques jouent également un rôle essentiel. “Il s’agit de passer d’un système de financement du logement basé principalement sur les fonds publics à une généralisation du crédit immobilier hypothécaire. Le citoyen doit faire sa part de travail et comprendre que l’acquisition d’un logement est souvent le fruit et le principal stimulant d’une vie de travail”, estime le patron algérien. Simultanément, le système bancaire, lui aussi, doit accomplir sa mutation : “Le risque est très faible dans le logement pour les banques. Le produit se garantit lui-même. La limite d’âge devrait être éliminée par les banques pour octroyer un crédit. Les promoteurs, eux-mêmes, devraient être accompagnés par une banque au moment de la soumission pour l’acquisition d’un terrain. Ils pourraient également inviter les acquéreurs à placer leur épargne chez leur partenaire bancaire, ce qui sera profitable à tous.”