Bras de fer et chuchotements à l’APN: La grande solitude de Bouhadja

Bras de fer et chuchotements à l’APN: La grande solitude de Bouhadja

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Les adversaires de Bouhadja ont décidé de réunir aujourd’hui le bureau de l’APN, élargi aux chefs des groupes parlementaires et des présidents des commissions. Ordre du jour: décider des actions à entreprendre.

Des sonneries de téléphones retentissent chaque seconde, des va-et-vient non-stop, des murmures, de bouche-à-oreille. C’est le branle-bas de combat à l’APN. Hier, tout le monde était sur ses gardes. Les députés de la coalition scrutaient la moindre information sur la suite du feuilleton Bouhadja. «Y-a-t-il du nouveau? Va-t-il démissionner ou pas? se demandaient les uns et les autres dans les couloirs de l’APN. Ministres, députés, fonctionnaires tout comme les journalistes, guettaient l’info. Malgré le gel des activités officielles, l’Assemblée populaire nationale a rompu avec le calme habituel. Dans les couloirs comme dans les bureaux, on aperçoit des petits conclaves entre députés, histoire de discuter sur les derniers développements.

Les chefs des groupes parlementaires, signataires de la motion de retrait de confiance, sont sollicités de partout. La situation de crise que vit l’institution parlementaire préoccupe sérieusement le gouvernement et la classe politique. Le refus du président de l’Assemblée populaire nationale de passer à l’acte et déposer sa démission, ouvre le champ à de multiples interprétations. «Le président est soutenu par la hiérarchie», nous confie Lakhdar Benkhelaf, député d’El-Adala, qui s’est entretenu avec lui la veille. Selon lui, «le président de l’APN a reçu des garanties pour rester à son poste».

De l’autre côté, ses adversaires sont formels. «Il finira par démissionner, il n’a pas le choix», affirme le chef du groupe parlementaire du FLN. Mouad Bouchareb explique que le gel de toute activité officielle du Parlement et le refus des députés de la coalition de travailler avec lui, mettent le Parlement dans une situation de paralysie. Hier, deux activités officielles inscrites à l’agenda du troisième homme politique de l’Etat ont été annulées. Bouhadja devait recevoir l’ambassadeur de la Tunisie et celui de Cuba ainsi qu’une rencontre entre le président de l’association d’amitié algéro-japonaise, Lakhdar Benkhelaf et l’ambassadeur du Japon à Alger.

Le blocage n’a pas concerné uniquement l’activité interne du Parlement, mais également l’activité liée à la diplomatie parlementaire. Pour le mettre devant le fait accompli, les chefs des groupes parlementaires ont mobilisé les vice-présidents du bureau de l’APN toute la journée. «Les vice-présidents sont dans leurs bureaux. Lorsque M.Bouhadja se décidera à convoquer une réunion pour déposer sa démission, il ne trouvera pas d’alibi», déclare un chef de groupe parlementaire qui était en conversation téléphonique avec un membre du gouvernement. Selon des sources parlementaires, ce statu quo ne va pas durer jusqu’à jeudi.

Après le soutien apporté par la direction du FLN, les députés de la majorité parlementaire privilégient le scénario de la démission.

Pourtant, des rumeurs commençaient à circuler sur une éventuelle dissolution de l’Assemblée. L’opposition qui est contre ce forcing, plaide pour cette cause. «On espère que cette Assemblée soit dissoute pour en finir avec la fragilité des institutions, ce n’est pas de cette manière qu’on gère les affaires de l’Etat», déplore un député de l’opposition. Cette hypothèse tient-elle la route?

Pour les députés de la coalition, il n’est pas question. «On plaide pour la stabilité des institutions surtout avec l’approche de la présidentielle et non pas le contraire», affirme le député Touahri Abdelbakhi du FLN. Un avis partagé par le chef du groupe parlementaire des Indépendants, Lamine Osmani qui soutient que la question connaîtra son épilogue dans quelques jours. Dans le cas où le président Bouhadja campe sur sa position, le bureau de l’APN, élargi aux chefs des groupes parlementaires et des présidents des commissions, sera convoqué aujourd’hui.