Sofia – Le Premier ministre bulgare Plamen Orecharski est sorti de son silence jeudi, après le siège du parlement dans la nuit de mardi à mercredi, et a appelé les manifestants, dans une réaction au Parlement, à éviter tout acte de violence.
«J’appelle les citoyens qui protestent au nom des valeurs démocratiques, à ne plus permettre des provocations et à distinguer la liberté (…) et les tentatives de violer l’ordre public», a expliqué le chef de gouvernement, dans une déclaration diffusée jeudi par son service de presse.
Un mouvement de protestation agite la Bulgarie depuis la nomination le 14 juin du magnat de la presse, le sulfureux député du parti de la minorité turque (MDL) Delyan Peevski à la tête de l’Agence nationale pour la sécurité (DANS).
Les manifestants, qui défilent tous les jours contre cette «oligarchie», réclament depuis le début la démission du gouvernement de Plamen Orecharski.
Mardi soir, une trentaine de députés et trois ministres étaient restés bloqués au parlement pendant neuf heures. Une première tentative d’évacuation par un car de la police avait échoué, provoquant des accrochages, qui ont fait une vingtaine de blessés, dont cinq policiers.
Le Premier ministre a appelé jeudi à «un concensus pour surmonter la crise». Le passage d’un mouvement pacifique à des actes de vandalisme, avec des barricades, des affrontements physiques et des provocations avec les forces de l’ordre, symbolise selon lui «la crise de valeurs de la société».
«Le gouvernement a un plan de mesures de stabilisation immédiates pour améliorer la situation sociale des citoyens et le milieu des affaires», a-t-il rappelé.
Plutôt silencieux sur les sujets de politique, l’attitude du chef du gouvernement a commencé à être vivement critiquée. «En ce moment critique, Plamen Orecharski n’a rien dit et n’a rien fait», a reproché le politologue Ivan Krastev jeudi dans le quotidien bulgare Troud.
«Il y a une crise totale de la confiance vers la classe politique et les institutions de l’Etat. La grande question n’est pas s’il y aura des élections anticipées, mais quand», a-t-il ajouté.
Plamen Orecharski, un économiste sans étiquette, conduit depuis le 29 mai un gouvernement de technocrates soutenu par les socialistes (PSB) et le MDL.
Son gouvernement minoritaire, issu des élections anticipées du 12 mai, a vite été mis sous la pression de la rue avec une importante mobilisation de la classe moyenne et de l’intelligentsia.