Une « première » nationale en matière de traitements anticancéreux, en l’occurrence une chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale, a été effectuée avec succès samedi au centre anti-cancer de Batna.
La chimio hyperthermie intrapéritonéale, appelée CHIP dans le jargon des spécialistes, combine la chimiothérapie et la chirurgie. C’est une intervention chirurgicale lourde qui peut être réalisée sur des personnes atteintes d’un cancer dans la zone péritonéale.
L’opération consiste à retirer toutes les lésions visibles du cancer, puis à laisser tremper pendant 1 heure 30 à 2 heures les organes concernés dans un bain de chimiothérapie à 43 ° C afin d’éliminer le maximum de cellules cancéreuses, a expliqué le directeur du CAC, Aïssa Madoui, ajoutant que le fait de chauffer le liquide contenant les médicaments a pour objectif d’augmenter l’effet destructeur de la chimiothérapie sur les tissus cancéreux.
Cette première opération a été réalisée par une équipe dirigée par le chirurgien cancérologue, le Pr. Mourad Abid, avec le soutien de spécialistes du domaine venus de l’hôpital Lariboisière de Paris (France).
Le Pr Abid a fait savoir, dans une déclaration à l’APS, qu’il s’est agi d’une opération « pointue et très complexe » pratiquée pendant une durée de neuf (9) heures sur une patiente résidant dans la wilaya de Batna. Des chimiothérapies hyperthermiques intrapéritonéales seront effectuées, pour le moment, une fois par semaine et guère davantage compte tenu de la longueur du temps qu’il faut y consacrer, a encore indiqué ce praticien.
Un médecin de l’équipe parisienne a fait savoir que l’équipement ayant servi à cette première opération de CHIP, le premier à être monté en Algérie il y a juste une dizaine de jours, permettra aux patients dont l’état requiert un tel traitement d’éviter les déplacements à l’étranger pour de tels traitements facturés à 60.000 euros.
La CHIP permet aux patients atteints d’un cancer dans la zone péritonéale d’espérer allonger leur vie « jusqu’à 34 ans », ce qui représente un « nouvel et formidable espoir » pour les patients en Algérie, selon ce même praticien.
La toute première opération chirurgicale avait été pratiquée le 15 novembre dernier au CAC de Batna par une équipe médicale dirigée par le Pr Abid. L’intervention avait été effectuée sur le pancréas d’une malade de 58 ans, originaire d’Alger, souffrant d’un cancer de ce viscère d’où la tumeur a été extraite avec succès.
D’ici au 29 décembre prochain, 25 interventions chirurgicales seront pratiquées sur des malades souffrant d’un cancer et résidant dans les wilayas de Jijel, d’El Oued, de Tébessa, de Khenchela, de Souk Ahras, de Sétif, de Médéa et de Batna, a indiqué M. Madoui.
Le CAC de Batna, d’une capacité de 240 lits, reçoit, en moyenne, quelque 300 malades par jour, issus de 36 wilayas du pays, pour des diagnostics, des soins, des séances de chimiothérapie et de radiothérapie.