L’Union africaine (UA) envisage de proposer une loi stricte et claire interdisant toutes les formes de paiement de rançons aux groupes terroristes pour la libération d’otages, tout en leur évitant d’être l’objet d’interprétations, a indiqué, hier à Alger, un responsable du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert).
Sur ce, le directeur par intérim du Caert, M. Liess Boukraa, a déclaré, en marge de la 4ème réunion des points focaux, que « L’UA envisage de proposer une loi qui ne serait pas restrictive, ne laisserait pas cours à des interprétations et qui condamnerait le paiement des rançons, considérées comme source de financement du terrorisme ».
En réponse à l’appel de l’UA, le Conseil de sécurité de l’ONU a renforcé le dispositif de lutte contre le financement du terrorisme, en introduisant dans sa résolution 1904 des dispositions criminalisant le versement de rançons aux groupes terroristes. En outre, ces dispositions ne sont pas, selon le point de vue de M. Boukraa, suffisamment strictes pour cerner tous les aspects et les formes que peut prendre le paiement d’une rançon.
Cependant, il a insisté sur le fait que la loi devant être proposée doit être claire et ne pas laisser cours à des interprétations, parce que le paiement de rançons demeure une source de financement du terrorisme.
Encore plus explicite, il a estimé que si le terrorisme s’est implanté au Sahel, c’est grâce aux revenus que les terroristes obtiennent à partir du kidnapping, qui constitue une sorte de traite des êtres humains. Abondant dans ce sens, il a souligné qu’il était impératif d’obtenir une loi stricte interdisant toutes formes de rançon ou de procédure qui serait utilisée comme palliatif.
En ajoutant, toutefois, qu’il y a beaucoup de raisons qui appellent la criminalisation des rançons, mais s’il ne devait y avoir qu’une seule, ce serait la traite des êtres humains. Pour sa part, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA, M. Ramtane Lamamra, a expliqué, à ce propos, que cette loi type, qui est en voie de finalisation, est un texte qui permettra à tous les pays qui le souhaitent d’intégrer ses dispositions dans leurs législations nationales.
Par ailleurs, il a affirmé que ces législations doivent être harmonisées pour faciliter ainsi la mise en oeuvre de tout un arsenal de coopération judiciaire et de coopération entre les services de sécurité. D’autre part, évoquant les activités et les réalisations du Caert, M. Boukraa a mentionné la mise en place des instruments qui serviront notamment à la collecte, la classification et l’analyse des dossiers.
Cependant, il a déclaré, en ce sens, « nous avons mis en place une base de données qui permettra de regrouper toutes les informations concernant le terrorisme », annonçant, par la même occasion, l’élaboration d’une nouvelle stratégie permettant de surveiller des centaines de sites djihadistes. Sur ce, M. Boukraa a relevé que c’était une matière première fondamentale et importante pour l’analyse et la confection des bulletins d’alerte et de prévention.
Ceci dit, il a tenu à rappeler que le Caert projette aussi de mettre en place une bibliothèque virtuelle qui permettra à tous les cadres et chercheurs dudit centre d’accéder à tous les documents nécessaires. Ce centre en question a également lancé la revue africaine sur le terrorisme et des cahiers, dont le premier numéro sortira en juillet.
Ces revues sont mises à la disposition de tous les chercheurs et experts, en premier lieu aux Africains, travaillant dans le domaine du terrorisme et du contre terrorisme, et puis à tous les partenaires de tous les continents à partir du moment que les règles d’objectivité et de travail académique sont respectées, a-t-il indiqué.
Fadhila B.