Caftan, Gandoura, Chedda : Le Maroc tente encore de s’emparer de l’héritage algérien

Caftan, Gandoura, Chedda : Le Maroc tente encore de s’emparer de l’héritage algérien

Reconnu par l’UNESCO en décembre 2024 comme élément du patrimoine immatériel algérien, le Caftan El Kadi fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle revendication marocaine. Rabat vient de soumettre un nouveau dossier à l’UNESCO, pour s’approprier cet habit traditionnel, pourtant clairement rattaché au patrimoine vestimentaire du Grand Est algérien.

Le dossier du caftan est une source de tensions de longue date. Après que l’Algérie a soumis sa candidature à l’UNESCO incluant ce vêtement, le Maroc a vite réagi en dénonçant une « usurpation« , affirmant que l’Algérie y a intégré le « caftan Ntaâ de Fès » dans son dossier. Malgré cette plainte, l’UNESCO a validé l’inscription de cette pièce dans le patrimoine vestimentaire algérien.

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Le Maroc dépose un nouveau dossier pour s’approprier le Caftan algérien

Malgré la reconnaissance officielle de l’UNESCO en faveur de l’Algérie pour le Caftan El Kadi, le Maroc ne semble pas digérer cette décision. Dans une tentative de revanche culturelle, Rabat vient de soumettre un nouveau dossier visant à inscrire à son nom plusieurs pièces emblématiques de la garde-robe féminine algérienne.

En effet, ce dossier, intitulé « Le Caftan marocain : art, tradition et savoir-faire« , inclut non seulement le Caftan sous ses différentes formes, mais des tenues traditionnellement algériennes comme la Gandoura du Grand Est et la Chedda, patrimoine de la région de Tlemcen.

Dans les détails, la nouvelle tentative marocaine de s’approprier le caftan algérien prend la forme d’un dossier qui comprend plusieurs éléments, à savoir : « Qftan tarz Ntaa, Takchita, Lmansoria, Lkeswa Lakbira, Lqmis, Jabador, Gandora, Marlota, Dfina, Jalloub, Takhlila« .

Le dossier marocain s’étend également aux Cheddates, tenues de cérémonie typiques de l’ouest algérien, comme la Chedda tlemcenienne, rebaptisée dans cette tentative sous des noms régionaux tels que « Chedda Chamalia« , « Chedda Tanjaouia« , « Chedda Tetuania » ou encore « Chedda Oujdia« . Y figurent aussi la « Keswa Oujdia« , inspirée ou directement empruntée aux habits traditionnels algériens.

patrimoine algérien

Le Maroc dépose un nouveau dossier à l’UNESCO pour tenter d’inscrire plusieurs vêtements algériens à son nom.

L’habit traditionnel du Grand Est algérien inscrit au patrimoine de l’UNESCO

L’UNESCO a inscrit, en décembre dernier, les habits traditionnels féminins du Grand Est algérien à sa liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette reconnaissance historique concerne notamment la Gandoura, la Melehfa et le Caftan, des vêtements emblématiques portés lors des cérémonies et fêtes traditionnelles.

La décision, prise lors de la 19e session du Comité intergouvernemental à Asunción, englobe non seulement les vêtements, mais aussi les bijoux associés et le savoir-faire artisanal transmis de génération en génération.

Dans la même session, l’organisation a également inscrit le henné au patrimoine mondial, une candidature portée conjointement par l’Algérie et 15 autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Cette pratique cosmétique ancestrale, caractérisée par ses motifs distinctifs selon les régions, est particulièrement importante lors des cérémonies traditionnelles.

Cette double reconnaissance internationale souligne l’importance du patrimoine culturel algérien et sa contribution à la diversité culturelle mondiale.

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