Vielle opposition et campagne électorale : le sommeil du juste ?

Vielle opposition et campagne électorale : le sommeil du juste ?

Les législatives prévues pour le 12 juin prochain se tiendront, et le scrutin sera marqué par l’absence des principaux partis de l’opposition, à savoir le FFS, le RCD, et le PT, qui, tous les trois, ont décidé de recourir au boycott de ces élections anticipées, annoncées par le président Tebboune. Le 12 juin donc, l’on ne sait pas qui va gagner, mais c’est perdu d’avance pour les démocrates.

Dans ce climat électoral marqué par des promesses utopiques, et par l’absence de programmes politiques qui tiennent la route, et qui sont au diapason du Hirak et de la contestation sociale, l’on peut s’interroger, et à juste titre, sur l’avenir des vieux partis politiques de l’opposition, et ce, à la veille d’une nouvelle vague d’amateurisme parlementaire.

Le courant islamiste, qui est fortement représenté par un Bengrina jouant sur la fibre du régionalisme, et par un Mokri qui promet des aéroports grandioses, disposant de lignes directes pour secourir la Palestine, va se disputer la majorité au parlement face à un courant « nationaliste », caractérisé par des partis qui ont toujours été proches du pouvoir en place. Mais la caractéristique majeure de cette campagne électorale, reste ces centaines de jeunes candidats indépendants, à qui l’on a promis des aides financières pour couvrir leurs frais de campagne.

Un pari risqué pour la vielle opposition

La campagne électorale pour les législatives du 12 juin a été entamée aujourd’hui jeudi. Les candidats et candidates pour les sièges de l’APN redoublent « d’inventivité » pour charmer des potentiels électeurs, mais leurs affiches électorales elles, ne font que susciter les railleries des citoyens sur les réseaux sociaux. Cependant, à l’ombre de cette campagne qui s’annonce morne et tristement drôle, les partis de l’opposition, qui ont toujours porté l’étendard de la démocratie en Algérie, sont mués dans un silence inquiétant.

Plus de 800 milliards de centimes ont été alloués à l’organisation des législatives du 12 juin. Une enveloppe censée prendre en charge tous les frais, du premier jour de la campagne électorale des 1483 listes, jusqu’au jour du scrutin. À la marge de cet événement, le FFS, le RCD et le PT, ainsi que leurs bases électorales, observent de loin, et attendant que le taux de participation soit bas, ce qui ne semble pas déranger le président Tebboune, qui a déclaré qu’il exigeait seulement « qu’elles (les élections NDLR) soient intègres, transparentes et fassent ressortir celui qui mérite la confiance du peuple ».

C’est un pari risqué qui a été donc pris par l’opposition qui a laissé la place à des amateurs en politique, mais aussi au mouvement islamiste qui n’a pas lésiné sur les moyens afin de garantir une victoire par forcing dans ces élections qui tombent pile au moment où la cause Palestinienne est lâchement instrumentalisée par certains. Enfin, on ne peut que se rappeler feu Mouloud Mammeri, qui disait que « le sommeil du juste suit le sommeil de la justice ».