Les études en oncologie ont enregistré des avancées encourageantes ces dernières années avec la découverte de nouvelles pistes de recherche et de nouveaux traitements prometteurs.
Dernier en date : le Crizotinib, un nouveau traitement expérimental qui a fait preuve d’une efficacité jugée «spectaculaire» chez des patients présentant un cancer du poumon avancé avec un profil génétique particulier.
Selon les résultats d’une étude coréenne présentée samedi dernier au congrès de l’American Society of Clinical Oncology à Chicago, 57% des patients ont répondu positivement au traitement. Autrement dit, les auteurs de l’étude ont constaté une régression tumorale significative. «C’est un taux de réponse exceptionnel […].
Surtout dans le cancer du poumon», a précisé le Pr. Jean-François Morere, cancérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny, en France.Le traitement en question cible une enzyme, l’anaplastic lymphoma kinase ou ALK, indispensable au développement des cellules cancéreuses. Le travail présenté à Chicago portait sur 82 patients, qui tous avaient la particularité de présenter une variation génétique spécifique de l’enzyme ALK. Une particularité rare : seuls 5% des malades souffrant d’un cancer du poumon dit «non à petites cellules» qui, eux-mêmes, représentent 75 à 80% des cancers du poumon, en sont porteurs.
Selon le Dr Yung-Jue Bang de l’Université de Séoul (Corée du Sud), «plus de la moitié des patients ont vu leur tumeur régresser de manière importante après huit semaines de traitement.
Et pour certains, la réponse a été durable, au moins 15 mois». Rappelons que la médiane de survie dans le cancer du poumon est aujourd’hui de 12,5 mois. «C’est dire si ce résultat présente un véritable intérêt», explique le Pr. Morere. L’autre avancée concerne le cancer du sein contre lequel des chercheurs américains ont mis au point un vaccin thérapeutique testé sur des souris et qui a donné des résultats très encourageants.
L’équipe de chercheurs, menée par Vincent Tuohy, du Lerner Research Institute de Cleveland (Etats-Unis) qui a conçu ce vaccin protégeant des souris contre le cancer du sein, a présenté les résultats de leurs travaux sur le site de Nature Medecine, le 30 mai dernier.
Les chercheurs ont créé un prototype de vaccin dirigé contre une protéine produite en forte quantité dans les tumeurs du sein, l’alpha-lactalbumine. Le principe : faire en sorte que le système immunitaire reconnaisse cette protéine comme dangereuse et l’attaque pour empêcher la formation des tumeurs dans le sein. Et c’est ce qui s’est passé lorsque ce prototype de vaccin a été injecté à une lignée de souris génétiquement modifiées qui développent très fréquemment ce type de cancer.
Au bout de 10 mois, des résultats probants sont enregistrés. Aucune des souris ayant reçu le vaccin n’a eu de cancer, alors que toutes celles n’ayant reçu que l’adjuvant (le vaccin sans la molécule active) en ont développé un. Les chercheurs ont poussé l’expérimentation en vaccinant des souris ayant déjà des tumeurs. Là aussi le vaccin a permis de lutter efficacement contre les tumeurs.«Si le vaccin fonctionnait chez l’être humain comme chez la souris, ce serait monumental.
Cela éradiquerait le cancer du sein», dira le Pr Tuohy. On n’en est pas encore là. Il y a encore du chemin à faire, car la souris est un modèle biologique éloigné de l’homme. Mais la voie est ouverte et tous les espoirs sont permis, aujourd’hui plus qu’hier.
Un cyclotron au service de l’oncologie
Le dernier-né des cyclotrons à usage médical, Arronax (du nom naturaliste français capturé par le capitaine Nemo dans Vingt Mille Lieues sous les mers de Jules Verne), est installé sur le site du Centre de lutte contre le cancer René Gauducheau à Nantes (la ville de Jules Verne), promet de véritables révolutions aussi bien dans le diagnostic que dans les traitements des cancers.En effet, ce cyclotron permettra de produire à grande échelle des éléments radioactifs présents en quantités infimes à l’état naturel, tel le rubidium-82. Injecté par voie intraveineuse, il possède la particularité de se «capter» au myocarde.
Grâce à des systèmes d’imagerie perfectionnés (type tomographie par émissions de positrons ou TEP), il permet un diagnostic ultra-précis de certains troubles coronaires. La durée de l’examen est également raccourcie de plusieurs heures à 30 minutes seulement, ce qui permet d’accueillir davantage de patients ! Et l’irradiation du malade se trouve diminuée d’un facteur 2 à 3 par rapport aux techniques conventionnelles d’imagerie.
Utilisé depuis plusieurs années aux Etats-Unis, le rubidium-82 devrait, grâce à Arronax, être disponible en Europe dès 2011.Même principe en oncologie. Les molécules sont suivies à la trace dans l’organisme jusqu’aux tumeurs cancéreuses qui pourront ainsi être révélées de façon très précoce grâce au cuivre-64.
Contrairement au rubidium-82, il n’est pas directement injecté au malade. Il doit au préalable être couplé à une molécule ayant une affinité particulière pour les cellules malades. A terme, il devrait aussi permettre d’étudier la vitesse de prolifération d’une tumeur ainsi que sa capacité à répondre à tel ou tel traitement.
Synthèse de Hassan Gherab