Capacité de l’Arabie saoudite à compenser le pétrole iranien : Les Américains doutent…

Capacité de l’Arabie saoudite à compenser le pétrole iranien : Les Américains doutent…

Écrit par Hakim Ould Mohamed

L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a jugé difficile de connaître dans quelle mesure l’augmentation de la production en Arabie saoudite pourrait combler la baisse attendue de l’offre iranienne.

Dans un communiqué publié mardi, l’EIA soutient que le niveau auquel l’Arabie saoudite et autres membres de l’Opep pourrait élever leur production demeure «vague et incertain», alors que des rapports de traders font état d’offre supplémentaire mise par Ryad sur les marchés. Il semble ainsi que les Etats-Unis ne sont nullement rassurés par les récentes déclarations du ministre saoudien de l’Energie qui indiqué que son pays augmenterait sa production de 10,7 millions de barils par jour à 11 millions, précisant que le pays pourrait encore l’accroître jusqu’à 12 millions. «Je n’exclus pas que la production du royaume, qui a été de 9-10 (millions de barils par jour) au cours de la dernière décennie, sera supérieure d’un à deux millions de barils», a dit Khaled Al-Faleh, sans donner de dates. L’Arabie saoudite a déjà porté sa production quotidienne à plus de 10,5 millions de barils par jour pour répondre à la demande croissante à la suite de perturbations dans la production dans d’autres pays. «Si la production baisse de trois millions de barils par jour, nous ne pourrons pas couvrir ce volume. Nous devrons donc taper dans nos réserves», a déclaré Khaled Al-Faleh à l’agence russe Tass.

Mais a prévenu que les capacités de production de l’Arabie Saoudite sont limitées car elle en utilise déjà une grande partie, n’excluant pas l’éventualité de voir les cours grimper à 100 dollars le baril dans les mois à venir. Le royaume possède actuellement une capacité de réserve d’environ deux millions de barils par jour qui peuvent être utilisés en cas de besoin, a précisé le ministre saoudien. Ses déclarations nourrissent la confusion et le doute chez les Américains quant aux capacités de l’Arabie saoudite à compenser la défection de l’Iran après le rétablissement des sanctions contre son pétrole ; une mesure qui entrera en vigueur le 5 novembre, faisant suite à la décision des Etats-Unis de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien. Les propos de Khaled Al-Falah sont d’autant plus déroutants que l’ampleur de la baisse des exportations de l’Iran est difficile à prévoir, laisse entendre l’agence américaine. Le volume de l’offre iranienne qui sera retirée des marchés ne sera connu que dans les prochains mois, bien après l’entrée en vigueur des sanctions américaines contre le secteur pétrolier iranien, relève-t-elle. L’Agence américaine d’information sur l’énergie soutient que les capacités excédentaires de l’Opep peuvent être utilisées pour combler une partie de l’offre appelée à être retirée des marchés. Une invitation on ne peut plus claire à la contribution des autres membres de l’Opep à combler le déficit que provoquera la défection de l’Iran. Selon les chiffres avancés par l’EIA, les exportations de l’Iran sont tombées à 1,9 mbj en septembre contre 2,7 mbj en juillet. Les inquiétudes se lisent aisément dans le communiqué de l’EIA quant aux conséquences d’une défection iranienne sur l’approvisionnement mondial en pétrole ainsi que sur l’évolution des prix du brut. Les propos tenus cette semaine par le ministre saoudien du Pétrole n’ont

fait que complexifier davantage l’équation. Pour le moment, les cours évoluent à la baisse, sous l’effet d’une croissance molle en Chine, mais l’Iran suscite inquiétudes et craintes que seule une contribution de plusieurs membres de l’Opep pourrait dissiper. Le président américain, Donald Trump, est allé jusqu’à menacer de sanctions les pays commerçant avec l’Iran à compter du 5 novembre prochain. Certains pays comme la France et la Corée du Sud ont officiellement cessé d’importer du brut iranien, mais ont revu leur position récemment en optant sur un modèle de commerce pouvant contourner les sanctions américaines. D’autres pays comme la Chine ont maintenu leur approvisionnement de l’Iran, selon l’EIA.