Notre système financier en place est à 90% public et consacre l’essentiel de ses activités à l’importation et un volume important des ses crédits à financer des entreprises publiques peu solvables.
De ces vérités, les panélistes, qui intervenaient hier lors des matinales du Centre d’actions et de réflexion autour de l’entreprise (CARE), avec pour thème «Développement et modernisation du système bancaire en Algérie», ont reconnu à l’unanimité qu’«il y a urgence que notre système bancaire change de mode de gestion». Mais avant d’en arriver à cette conclusion, Rachid Sekkak, consultant international en finance et qui a longtemps travaillé au niveau de la Banque d’Algérie (BA), a donné un exposé avec pour titre« Elément essentiel du système financier ».
Ce dernier a estimé entre autres que le système financier en place est devenu très inadapté aux nouvelles exigences économiques. Il en a apportera pour preuves des caractéristiques du marché financier. Selon Rachid Sekkak, «le marché reste dominé par un fort traitement du cash, marqué par une faible transparence des opérateurs, un canal de distribution
unique, à savoir l’agence et surtout un environnement réglementaire contraignant et instable. Ajoutant à cette liste le faible développement des services financiers spécialisés, c’est-à-dire le factoring et, enfin, un faible développement technologique. C’est pourquoi, selon ce paneliste, « il va falloir se pencher sérieusement sur les voies de modernisation à emprunter pour en finir avec ces carences et surtout mettre fin aux dérives budgétaires observées au niveau de nos banques publiques. Ce dernier a lancé au parterre : « Notre système bancaire est appelé à devenir plus efficace devant les enjeux qui se profilent à l’horizon. » De son côté, Mohamed Krim, ex-P-DG de la banque, publique, de développement local (BDL), a surtout mis en évidence les performances atteintes ces deux dernières années par la BDL, fruit de son basculement vers le système « binck bank».
Poursuivant dans ce sens que les modifications entreprises dans la gestion ont permis de rentabiliser les fonds propres de la BDL. « A travers les résultats que nous avons pu atteindre par l’intermédiaire de l’outil informatique. Il serait temps que cela se généralise à toutes les banques de la place financière si l’on veut opérer une véritable transformation de notre système bancaire », a lancé Mohamed Krim. Poursuivant dans ce sens, « c’est d’ailleurs tout à fait indiqué dès lors où notre production nette bancaire n’a cessé de diminuer cette décennie ». Ce paneliste a également souligné que le facteur de la valorisation des ressources humaines au sein des banques est d’une extrême importance « car de lui dépend la modernisation du système bancaire », a précisé l’ex-P-DG de la BDL. Ce dernier a enfin insisté sur l’intérêt des banques publiques de disposer d’un système d’information efficace. Sans cet outil, la banque ne peut améliorer sa gestion.
Elle restera à faire du bricolage », a conclu Mohamed Krim. Dernier exposé, celui de Mohamed Nazim Bessaih, président de la commission banque à l’IC Alger, portant sur « les produits et solutions bancaires ». Ce dernier a notamment mis en exergue « l’intérêt des banques à diversifier les leviers de ressources non sans faire remarquer que cela reste tributaire de la mise en place d’un éco système bancaire favorable ». Ce panéliste a aussi abordé le sujet relatif aux produits de financement des entreprises. Et dont les sociétés de factoring peuvent s’en charger. «Or ces dernières sont absentes chez nous malgré l’existence de tout un arsenal juridique qui permet leur mise en place », déplore M. Bessaih. Devant cette carence, il estime « qu’il est souhaitable de faire évoluer la législation actuelle pour permettre aux banques de s’approprier le métier de factoring sous forme de filiale ». Notons, enfin, que lors des débats, les panelistes ont répondu aux nombreuses questions des participants. Questions venant essentiellement de patrons d’entreprise car ayant à faire directement avec les banques. Selon eux, les banques ne comprennent pas que sans crédits à des conditions abordables elles ne peuvent maintenir leurs activités. Rachid Sekkak a avoué qu’il en est conscient non sans lancer que les banques, elles aussi, ne comprennent pas les entreprises ». Un imbroglio auquel il faudra mettre fin car notre économie a besoin d’une relance imminente. n
Deux milliards de dollars de pensions de retraites étrangères
Les pensions des retraités, résidents en Algérie, provenant des caisses étrangères s’élèvent annuellement à 2 milliards de dollars, un montant qu’a révélé le consultant Rachid Sekkak. Indiquant également que toutes ces devises sont injectées dans le circuit parallèle du change. C’est pour dire que le marché illégal n’est pas à la veille de connaître une baisse drastique de l’offre.