Ce que révèle la lettre des 19

Ce que révèle la lettre des 19

Le président Bouteflika est-il au courant de ce qui se passe dans le pays? Est-ce lui qui prend les décisions politiques et économiques ? Mesure-t-il le degré de déliquescence des institutions et tout ce que cela implique pour le pays ? Louisa Hanoun en doute. Khalida Toumi est formelle : non, ce n’est pas lui qui gère le pays, dit-elle. Elle connaît son président et elle estime que ça ne lui ressemble pas.

Mais poser ces questions, c’est déjà y répondre. C’est le principal mérite qu’on peut trouver à l’initiative des 19, un regroupement très improbable qui a rendu public un texte après avoir échoué à se faire recevoir par le président Abdelaziz Bouteflika pour lui faire part de ce constat et, éventuellement, vérifier s’il est encore président, si c’est bien lui qui décide, ou si on décide à sa place.

A part cet aspect, le contenu du texte rendu public par les 19 est cruel aussi bien pour ses auteurs, pour le président Bouteflika que pour le pays. Il confirme l’incroyable dérive politique et institutionnelle qui amène des hommes et des femmes politiques ayant des postes officiels et des tribunes à agir en dehors des de toute règle. Quand Louisa Hanoun, chef d’un parti représenté au parlement, et Khalida Toumi, ancienne ministre, demandent à être reçues par le président de la République pour l’informer de l’état du pays, cela relève du grotesque. Le président n’a-t-il pas un gouvernement, des ministres, une police «normale» et une police politique, des partis de gouvernement et une administration tentaculaire ?